Procès du Hirak: L'audience endeuillée par le décès du père d'un détenu

La mort du père d'un détenu du Hirak était le fait marquant de l'audience de ce lundi 23 avril à la Cour d'appel de Casablanca.

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La Cour d'appel de Casablanca. Crédit: Aicpress

Une atmosphère de deuil pesait ce lundi 23 avril sur la salle 7 de la Cour d’appel de Casablanca, où se déroule depuis octobre 2017 le procès de Nasser Zafzafi et de 53 autres détenus du Hirak. D’habitude longue et agitée, l’audience fut cette fois-ci courte et feutrée. Plus tôt dans la journée, les différents protagonistes du procès ont appris la nouvelle tragique de la mort du père d’Ilias Hajji, jeune détenu de 29 ans.

A l’ouverture de l’audience, les accusés convoqués un à un par le juge Ali Torchi ont exprimé à voix haute depuis le box leurs condoléances à leur codétenu, n’omettant pas de « tenir pour responsable l’Etat et le Parquet pour cette catastrophe humaine ».

Le « deuil » improvisé se déroule calmement, jusqu’à ce que l’un des accusés, Jawad Belaali, évoque le nom du roi. Il est interrompu par le procureur Hakim El Ouardi, qui le somme de retirer ce qu’il a dit. « Tu ne conçois pas la gravité de ton propos« , avertit-il. Ce à quoi l’accusé rétorque: « C’est mon opinion personnelle, j’assume totalement mes dires« . Imperturbable, le juge demande au greffier de consigner l’échange. L’audience se poursuit.

Et c’est un Nasser Zafzafi chagriné qui se présente ensuite à la barre, pour la suite de son interrogatoire par la Cour. Le juge s’intéresse aux événements du 26 mai 2017, lorsque Nasser Zafzafi a interrompu le prêche du vendredi dans une mosquée d’Al Hoceïma. Le même jour, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont éclaté, et se sont soldés par une série d’arrestations de militants du mouvement de contestation rifain.

Mais le leader du Hirak ne semble pas disposé à poursuivre l’audience. « Je suis profondément triste pour Ilias El Hajji, dont j’ai toujours été très proche, bien avant le Hirak. Le défunt était pour moi un deuxième père« , lâche-t-il, avant de demander le report du procès.

« Son seul « crime » a été de m’avoir prêté de l’argent, ce qui a été perçu par le procureur comme un financement du Hirak. La réalité est qu’Ilias El Hajji n’a jamais pris part au mouvement. Je suis prêt à purger sa peine à sa place, » poursuit Zafzafi.

Le parquet accuse Ilias El Hajji d’avoir réceptionné, en décembre 2016, un montant de 2.000 dirhams destiné à Nasser Zafzafi, envoyé par une certaine Hayat Boulayla, expatriée en France. « C’est une aberration », avait-il commenté lors de son passage à la barre le 8 février dernier. « Nasser me devait depuis plusieurs mois 4.000 dirhams. Un jour, il est venu me voir pour m’informer qu’il était en mesure de rembourser la moitié de son dû. Il m’a demandé si j’avais sur moi ma carte nationale, que je devais présenter une fois à l’agence de transfert de fonds« , expliquait-il.

Qui est le réel destinataire de ces 2.000 dirhams ? Ilias Hajji, selon le procureur, qui se réfère à sa déposition à la BNPJ, dans laquelle il admet connaitre Hayat et « son rôle dans le financement du Hirak« . Une déposition que l’accusé avait niée en bloc, dénonçant des propos « falsifiés » dans  les procès-verbaux d’interrogatoire.

Les avocats reprochent au parquet de s’être opposé à la demande de libération provisoire d’Ilias El Hajji lorsque son père agonisait sur un lit d’hôpital. « Nous étions prêts à coopérer avec le détenu pour qu’il puisse rendre visite à son défunt père, mais il s’est rétracté au dernier moment« , se défend Hakim El Ouardi.

De retour dans le box des accusés, Nasser Zafzafi et les autres détenus récitent la Fatiha, malgré les rappels à l’ordre du juge. La tension est alors à son paroxysme, l’audience est levée, et le procès reporté au lendemain.

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