Le 9 avril au soir, le Président du Conseil des ministres libanais Saad Hariri a partagé sur Twitter un selfie en royale compagnie. À Paris, le Premier ministre libanais était entouré de Mohammed VI et du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS), affichant une apparente complicité. Mohammed VI séjourne depuis plusieurs semaines dans la capitale française, MBS y est arrivé la veille, accueilli par un diner au Louvre avec le président Emmanuel Macron.
Hariri accompagne la photo de la mention « sans commentaire ». Le cliché en appelle cependant quelques-uns.
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— Saad Hariri (@saadhariri) April 9, 2018
À titre anecdotique, les trois hommes ont diné au Gabriel. On reconnait en arrière plan du royal selfie la déco de style Napoléon III signée Jacques Garcia. Situé dans le 8e arrondissement parisien entre l’Avenue des Champs-Élysées et le Palais de l’Élysée, le chef Jérôme Banctel officie dans ce restaurant consacré par deux étoiles au Guide Michelin. L’histoire ne dit pas si les prestigieux convives ont opté ce soir-là pour « le cœur d’artichaut breton à la coriandre et le pigeon de Vendée au cacao et sarrasin croustillant » qui figurent parmi les plats signature de la maison.
Au-delà des papilles, sur le plan diplomatique, la complicité affichée dans ce cliché entre Saad Hariri et MBS contraste avec les suspicions qui laissaient supposer, en novembre dernier, que l’Arabie saoudite retenait le Premier ministre libanais contre son gré après l’avoir forcé à démissionner. Le 11 novembre, le président de la République libanais Michel Aoun confiait à des ambassadeurs que son chef du gouvernement était retenu à Riyad et qu’il aurait même été « enlevé ».
Le 12 au soir, Saad Hariri, invisible depuis une semaine et l’annonce surprise de sa démission faite de la capitale saoudienne, réapparaissait dans une interview télévisée donnée, à Riyad, à la chaîne de son parti. « J’ai démissionné pour provoquer un choc dans le pays et convaincre des dangers que court le Liban devant les ingérences de l’Iran et du Hezbollah dans les affaires arabes, » déclarait-il sans convaincre.
La relation Maroc-Arabie saoudite pouvait, elle aussi, apparaitre comme nuageuse. Le 18 mars, le président du comité olympique saoudien avait en effet jeté un sérieux doute sur le soutien de l’Arabie saoudite à la candidature du Maroc à l’organisation du Mondial 2026 à travers ses déclarations accordées à la presse et des tweets cryptiques faisant référence aux relations entre le Royaume et le Qatar.
En choisissant un restaurant au nom angélique, les trois hommes d’État n’ont pas lésiné sur les symboles, pour faire passer leurs messages.
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