Le 17 mars dernier, Moulay Hafid Elalamy, président du comité de candidature du Maroc au Mondial 2026, présentait les principaux points du dossier marocain pour l’organisation de l’événement planétaire. Une présentation dont la presse, mais aussi le grand public, a surtout retenu un chiffre: les 158 milliards prévus pour l’organisation de l’événement.
Un budget qui, il faut le souligner, est susceptible de changer, comme en témoignent les variations constatées dans les budgets dédiés aux Coupes du monde en Afrique du Sud, en Russie, et au Qatar.
Des ajustements généralement liés à un manque de visibilité du marché lors du dépôt des candidatures des futurs pays hôtes, les prix des matières premières et du savoir-faire variant au gré des fluctuations du marché.
Un budget en hausse constante
Car qui dit Coupe du Monde, dit construction et rénovation de stades. Une tâche qui incombe généralement aux collectivités locales, à l’Etat et plus rarement à certaines entreprises privées. Les montants investis varient logiquement d’un Mondial à l’autre selon la nécessité du pays hôte.
La construction d’infrastructures non sportives pèse aussi sur les budgets et peut expliquer la flambée du coût de l’organisation. Depuis 2010, la plupart des hôtes choisis sont des pays qui souhaitent que la Coupe du monde serve à la fois d’accélérateur de leur développement et de projecteur médiatique pour leur image. Du coup, les dépenses en infrastructures ont explosé.
L’édition 2010 en Afrique du Sud, dont le budget a dépassé la barre symbolique du milliard de dollars, a coûté près de 4,7 milliards de dollars soit dix fois plus que l’enveloppe initiale. Une manne financière qui a notamment permis à la nation arc-en-ciel de mettre, comme l’ambitionne le Maroc, à niveau ses infrastructures. Un chantier d’envergure qui a quand même coûté 1,5 milliard de dollars au total.
Si le Mondial sud-africain était le premier à dépasser la barre du milliard d’euros, il reste toutefois moins coûteux que l’édition suivante, organisée au Brésil en 2014. 8 milliards d’euros ont été dépensés par les autorités brésiliennes.
90% de ce budget provenait des deniers publics brésiliens. 12 stades ont été construits ou rénovés. Les travaux du stade Mané Garrincha à Brasilia ont coûté pas moins de 500 millions d’euros à eux seuls alors que la facture initiale était de 250 millions.
De plus, certaines enceintes sont peu utilisées depuis. C’est le cas de l’Arena Amazônia de Manaus, d’une capacité de 46.000 spectateurs alors que l’équipe locale n’évolue qu’en 4e division.
Faisant l’objet d’une fluctuation constante, le budget de la Coupe du monde russe s’est finalement établi à 10 milliards d’euros. Soit une hausse de 5,4% par rapport au budget initial. L’organisation du Mondial par le pays de Vladimir Poutine est financée à hauteur de 57,6% par le gouvernement central, 13,6% par les régions, et 28,8% par les fonds privés ou entreprises publiques.
Et la candidature du Maroc s’inscrit dans cette lignée. Pourtant, dans la rhétorique, le comité de la candidature marocaine assure que le Royaume ne compte pas « dépenser » 158 milliards de dirhams (près de 14 milliards d’euros) pour la Coupe du monde, mais plutôt les « investir » pour développer ses infrastructures existantes, en créer de nouvelles et au passage accueillir l’événement.
« Nous avons plutôt intégré les besoins de la FIFA dans notre stratégie en tenant compte des différentes exigences auxquelles le dossier marocain doit répondre« , rappelait d’ailleurs le président du comité d’organisation, Moulay Hafid Elalamy, lors de la présentation du dossier marocain devant la presse.
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Qui plus est, le Maroc postule à l’organisation du premier Mondial à 48 équipes, ce qui nécessitera des infrastructures d’accueil plus importantes que les éditions précédentes. Ce qui explique sans doute pourquoi le budget marocain est à peu près 1,5 fois supérieur à celui de la Russie.
La FIFA, grande gagnante du Mondial
Si la grand-messe du ballon rond sert de prétexte au renouvellement d’infrastructures par son pays hôte, celui-ci devra toutefois se contenter des maigres revenus de l’organisation qui, pour l’essentiel, vont à la FIFA.
En effet, les retombées économiques du Mondial suivent une tendance baissière. Si les flux de touristes génèrent une bonne partie des revenus pour le pays hôte, ceux-ci sont parfois surestimés par les organisateurs.
Cet été, la Russie espère attirer 1 million de visiteurs. Or ce ne sont que 200.000 billets qui ont, pour le moment, trouvé preneurs sur les 700.000 mis en vente pour la compétition. Le Maroc, s’il remporte l’organisation de la Coupe du monde, espère en attirer « 1,5 million » selon les dires d’Elalamy.
L’Afrique du Sud, qui espérait accueillir 480.000 touristes, n’en a attiré que 309.000, pour le tout premier Mondial organisé sur le continent africain. Pire, les supporters n’ont dépensé qu’environ 400 millions de dollars, d’après les études du ministère sud-africain du Tourisme. Des chiffres en deçà des prévisions du gouvernement qui tablait sur 1,2 milliard de dollars.
Autre source de (maigres) profits, la perception directe des ressources issues de la billetterie qui contribue généralement pour un tiers aux revenus de l’organisation. Hôte de l’édition 2006 de la Coupe du monde, l’Allemagne n’a pu recouvrir que 111 millions d’euros sur 156 millions dégagés par la vente de tickets.
Qui plus est, le gros des bénéfices de la compétition provient des droits télévisés et du marketing. Sur ce terrain-là, ce n’est pas le pays organisateur qui empoche le pactole, mais bien la FIFA.
Bon an, mal an, l’événement sportif génère de 80 % à 90 % de ses revenus, lesquels augmentent à chaque édition. La Coupe du monde organisée en 2002 en Corée du Sud et au Japon avait généré 1,94 milliard de dollars de recettes. On est passé à 2,63 milliards en 2006 en Allemagne, à 4,19 milliards en 2010 en Afrique du Sud, et à 5,7 milliards en 2014 au Brésil. Soit une croissance exponentielle de 66 % en un peu plus d’une décennie.
Un bond qui s’explique en grande partie par la globalisation de la commercialisation des droits médias et marketing des compétitions 2010 et 2014. A noter que la FIFA a enregistré une hausse de l’ordre de 47% en ce qui concerne ses revenus TV et plus de 55% pour ses droits commerciaux.
Une bonne pioche pour l’instance footballistique internationale, puisque ces deux postes représentent 95% des revenus du Mondial. En élargissant la compétition à 48 équipes, l’instance dirigée par Infantino empochera encore plus.
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