Le roi Mohammed VI a adressé un message aux participants du forum Crans Montana, qui a débuté ce vendredi à Dakhla. Le souverain y a rappelé la centralité de la coopération avec les autres pays africains, insistant sur l’importance de la coopération Sud Sud et rappelant qu’en 15 ans, 1000 accords de coopération ont été signés par le Maroc et 28 pays africains. Il a également insisté sur le fait que le « phénomène migratoire constitue une opportunité et non une menace ». Pour le roi Mohammed VI, « la crise migratoire que nous connaissons actuellement n’est pas récente et ne doit pas être vécue comme une fatalité. Elle appelle à un renforcement de la coopération, d’abord entre pays africains, ensuite avec les pays du nord ». Autre thème abordé, le changement climatique. Le Roi rappelle que « l’Afrique paie, en effet, un lourd tribut dans ce domaine, alors même qu’elle n’émet que 4% des gaz à effet de serre ». Mohammed VI a appelé de nouveau les pays du Nord à « tenir les engagements renouvelés à Marrakech [à l’occasion de la Cop22], notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de financement des stratégies climatiques des pays du Sud ». Autre question soulevée, la régionalisation avancée qui a pour objectif de « rénover et de moderniser les structures de l’Etat »
Voici le texte intégral lu par le président de la région Ynja Khattat :.
« Louange à Dieu,.
Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il M’est particulièrement agréable de M’adresser à votre assemblée réunie, à l’occasion de la 4ème édition du Forum Crans Montana, pour traiter du thème de « l’Afrique et la Coopération Sud-Sud ». Cette année encore, le forum se tient, dans la ville de Dakhla.
Dakhla, comme vous le savez, occupe une place de choix dans l’Histoire du Maroc. Elle jouit d’une position stratégique unique, en tant que trait d’union entre le Royaume et sa profondeur stratégique africaine.
En outre, Il Me plaît de voir que le Forum Crans Montana a beaucoup gagné en maturité et en notoriété, au fil de ses éditions successives. Il est ainsi devenu un rendez-vous international incontournable qui réunit décideurs politiques de haut rang, communauté des affaires, intellectuels et acteurs de la société civile de tout bord, ainsi que faiseurs d’opinion venant des quatre coins du monde.
La pertinence des thèmes choisis, la qualité des participants et leur diversité sont des plus précieuses. Elles permettent en effet d’enrichir les débats, d’explorer de nouveaux horizons, de constituer une force de propositions et surtout d’envisager l’avenir avec plus de sérénité et de confiance. Elles confèrent au Forum une envergure internationale, tout en consacrant une attention particulière à Notre continent d’avenir, l’Afrique.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
L’Afrique est à la croisée des chemins. Les transformations à l’œuvre dans le continent sont multidimensionnelles. Elles esquissent une Afrique en mutation rapide, une Afrique de plus en plus éloignée des stéréotypes et des clichés négatifs qui lui sont affublés.
L’Afrique, c’est 30 millions de kilomètres carrés d’opportunités. Elle dispose de la population la plus jeune de la planète. En 2050, elle comptera 2,5 milliards d’habitants, dont la moitié aura moins de 25 ans.
Cette jeunesse constitue un atout considérable si le dividende démographique est géré intelligemment. Cette évolution démographique impressionnante génère un changement majeur de trajectoire qui transformera la donne en Afrique et dans le reste du monde. Elle constitue un précieux atout de développement et une opportunité inouïe d’émergence, sur lesquels Notre Continent doit capitaliser.
Néanmoins, pour progresser, l’Afrique doit rassembler toute son énergie et adopter des partenariats novateurs gagnant-gagnant.
Aussi appelons-Nous les Africains et les Africaines, et particulièrement les jeunes, à se mobiliser, de manière résolue et déterminée, pour relever les défis lancinants auxquels est confronté le Continent et pour s’inscrire dans la dynamique vertueuse de la croissance partagée.
Au-delà de cette capitalisation des ressources, l’Afrique doit également faire usage de tous les instruments dont elle dispose pour répondre aux attentes légitimes de sa population. L’un de ces outils privilégiés pour l’émergence africaine est la coopération Sud-Sud.
Le Maroc compte parmi les pays africains qui ont l’ambition et la volonté de faire en sorte que l’Afrique prenne en main son destin. Il n’est donc pas fortuit que le Maroc ait fait de la coopération Sud-Sud un vecteur de l’émergence d’une Afrique Nouvelle, confiante en ses potentialités et ouverte sur l’avenir.
Il s’agit avant tout d’un engagement constitutionnel inscrit en lettres d’or dans la norme suprême du Royaume. En effet, le Maroc s’engage à « consolider les relations de coopération et de solidarité avec les peuples et les pays d’Afrique, en particulier avec les pays subsahariens et sahéliens et à renforcer la coopération Sud-Sud ».
Comme nous l’avons présenté l’année dernière dans Notre Message adressé aux participants de la précédente édition, Nous avons fait le choix audacieux de placer cette Coopération au cœur de notre politique africaine. Sous Notre impulsion, le Maroc a développé un véritable modèle innovant de Coopération Sud-Sud qui se fonde sur l’échange de connaissances, de compétences, d’expertises et de ressources, tout en associant l’ensemble des sous-régions du Continent et des secteurs pertinents.
Modalité de partenariat vertueux privilégiée avec Notre Continent, la coopération Sud-Sud initiée par Mon pays se veut intégrée et multidimensionnelle. Qu’il s’agisse de transfert des technologies, de partage du savoir, d’établissement de Partenariats Public-Privé dans divers secteurs ou de formation et d’enseignement supérieur, le Maroc a su développer une expertise reconnue sur l’échiquier africain.
Depuis 15 ans, 1000 accords de coopération ont été signés avec 28 pays africains ; ils ont trait à des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, la formation à l’infrastructure et l’agriculture. L’offre marocaine qui place l’humain au centre de ses préoccupations et combine l’économique et le social, le culturel et le cultuel, le sécuritaire et le militaire est, de ce point de vue aussi, tout à fait unique dans son genre.
Le Maroc, qui décline sa coopération en fonction des besoins exprimés par le pays frère, forme au sein de ses universités et établissements supérieurs plus de 25.000 étudiants africains.
Le Royaume tient également à mettre en place des projets stratégiques d’envergure dont nous ne citerons, à titre d’exemple, que deux récents projets structurants au niveau Continental, à savoir le Gazoduc Africain Atlantique dont l’objectif est de refondre le marché régional de l’électricité ou encore l’établissement d’unités de production de fertilisants avec l’Éthiopie et le Nigeria qui vise à améliorer la productivité agricole et favoriser la sécurité alimentaire, dans l’ensemble de la sous-région.
C’est dans ces perspectives de partage mutuellement bénéfique et de consolidation des partenariats sous régionaux existants que s’inscrit le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle, l’Union Africaine.
Dans ce sens, Nous appelons l’ensemble des pays frères africains à s’investir davantage dans cette coopération constructive en renforçant l’efficacité de nos institutions régionales et sous-régionales en tant que plateformes d’intégration continentale.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
La coopération Sud-Sud que le Maroc met en œuvre s’exprime dans l’ensemble des problématiques qui ont trait à la stabilité et au développement du Continent dont l’un des domaines d’expression est la migration.
Le phénomène migratoire constitue une opportunité et non une menace. La crise migratoire que nous connaissons actuellement n’est pas récente et ne doit pas être vécue comme une fatalité. Elle appelle à un renforcement de la coopération, d’abord entre pays africains, ensuite avec les pays du nord.
En Notre qualité de Leader de l’Union Africaine pour la Question de la Migration, Nous avons proposé au 30ème Sommet de l’UA, « un Agenda Africain pour la migration » qui recommande notamment la création d’un observatoire Africain de la migration et la désignation d’un Envoyé Spécial de l’UA chargé de la Migration, en vue d’appréhender le phénomène dans sa globalité de manière pertinente.
Par ailleurs, Mon pays a été précurseur en matière d’accueil et de gestion des flux de migrants en situation irrégulière présents sur son territoire. Cette initiative, à vocation fondamentalement humanitaire, constitue non seulement une nouvelle forme de solidarité envers nos frères africains mais elle conforte également notre engagement inamissible auprès des populations africaines.
Cet engagement n’est pas un slogan que le Maroc brandit dans les fora internationaux ; il traduit une orientation forte et irréversible du Royaume.
L’autre nouvel espace d’expression de la coopération interafricaine développé par le Maroc avec le Continent concerne la lutte contre les effets dévastateurs des changements climatiques. Le Royaume est pleinement conscient de la menace que fait peser cet autre phénomène sur le développement, la paix et la sécurité de Notre Continent.
L’Afrique paie, en effet, un lourd tribut dans ce domaine, alors même qu’elle n’émet que 4% des gaz à effet de serre. En tant que pays hôte de la COP22, le Maroc a tenu à opérationnaliser l’Accord de Paris, à travers une COP de l’action qui a placé les préoccupations de l’Afrique au cœur des discussions. Et Nous appelons, à nouveau, les pays du Nord à tenir les engagements renouvelés à Marrakech, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de financement des stratégies climatiques des pays du Sud.
Nous avons saisi l’occasion de ce rendez-vous climatique mondial pour convoquer le premier « Sommet Africain de l’Action », en présence de 41 de Nos frères, Chefs d’Etat et de Gouvernement africains. Ensemble, Nous avons échangé sur les défis liés à la lutte contre les changements climatiques auxquels nous faisons face et nous avons convenu de mesures pratiques à mettre en place, de manière urgente, pour y faire face.
A Mon initiative, le Sommet a décidé d’accorder la priorité au développement du Sahel et en particulier du Bassin du Lac Tchad, des Etats Insulaires et du Bassin du Fleuve Congo.
Le Maroc a également présenté, à cette occasion, des initiatives concrètes en vue de contribuer à assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique ; il s’agit notamment du projet «Adaptation de l’Agriculture en Afrique» qui doit renforcer les capacités des acteurs agricoles, ou encore de celui de la « Ceinture Bleue » qui a pour objectif de lutter contre le réchauffement des océans.
De même, le Royaume a exprimé sa volonté de partager son expérience réussie en matière de promotion des énergies propres et renouvelables, de développement d’une agriculture responsable, ou encore de l’exploitation durable des ressources marines.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il est incontestable que Notre Continent est confronté à un paradoxe : il dispose de quasiment toutes les ressources naturelles nécessaires à un développement humain soutenu ; et pourtant ses populations souffrent de pauvreté et de marginalisation au sein de l’économie internationale.
En effet, le commerce intra-africain ne représente que 13% de l’ensemble de l’activité commerciale au niveau continental et ne participe qu’à hauteur de 2% du commerce mondial. Plus que jamais, le continent Africain doit tirer le meilleur parti de la globalisation.
Notre Continent ne manque ni d’ambition ni de volonté d’aller de l’avant. Il a besoin de nouvelles formes d’organisations collectives d’administration et de gestion des territoires. C’est dans cette optique que Nous avons choisi de placer la régionalisation avancée au cœur de Notre modèle de développement économique.
Plus qu’un simple aménagement territorial ou administratif, la régionalisation avancée traduit une volonté forte de rénover et de moderniser les structures de l’Etat, pour consolider le développement intégré de nos territoires et fédérer ainsi tous les acteurs autour d’un projet commun.
La région est aujourd’hui appelée à devenir une collectivité qui a les pouvoirs d’agir sur son destin dans le cadre de l’intégrité territoriale du Royaume.
Au sein des douze régions que compte le Maroc, Nous avons voulu faire émerger une nouvelle forme de croissance économique : une croissance inclusive, soutenue localement par les secteurs publics et privés. Nous avons voulu renforcer, en particulier, la cohésion nationale et l’accès aux services publics dans des territoires à fort potentiel.
Nulle part ailleurs, cette réalité régionale n’est aussi prégnante que dans la belle région où vous vous trouvez aujourd’hui, ici même à Dakhla : elle a connu, à l’instar des Provinces du Sud, une transformation politique, économique et sociale. Notre ambition est de poursuivre cette action pour que le Sahara marocain renoue avec sa vocation historique de carrefour dans le continent.
Le Maroc a d’ailleurs toujours exprimé son engagement à partager son expérience en la matière avec ses homologues africains, à la fois dans le cadre de la mise en œuvre d’accords bilatéraux ou à travers l’organisation des « Cités et Gouvernements Locaux Unis Africains » dont le siège se trouve à Rabat.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
L’Afrique, qui s’est engagée dans la bonne direction, se dirige résolument dans la voie de l’émergence, grâce à la sagesse de ses dirigeants et à l’inclusion de sa population dans un processus démocratique irréversible qui répond à ses aspirations légitimes de paix, de développement humain et de mise en valeur des potentialités.
Nous sommes convaincus que l’événement qui vous réunit ici constituera pour vous l’occasion d’émettre des recommandations et des propositions constructives, susceptibles de répondre efficacement aux défis multiformes auxquels le monde, et l’Afrique en particulier, font face.
À cet égard, Nous vous invitons à évoquer les vertus de l’adoption d’une coopération Sud-Sud efficiente et multidimensionnelle ainsi que des approches participatives en tant que vecteurs d’émergence collective.
Tout en souhaitant plein succès à vos travaux, nous renouvelons à l’ensemble des participants nos souhaits de bienvenue au Royaume du Maroc. Nous tenons à leur redire combien Nous apprécions leur précieuse contribution à ce Forum Crans Montana et combien Nous sommes sensibles aux efforts qu’ils déploieront pour découvrir et définir les meilleures pratiques, à même d’assurer aux populations du Sud, notamment africaines, un développement humain.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh ». (MAP).
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