La planète finance vacille de nouveau. Les indices décrochent, des centaines de milliards de dollars de capitalisation sont partis en fumée en quelques heures, et les banques comme les gouvernements paniquent. Le krach, encore à ses balbutiements, risque d’être brutal. Encore plus brutal que celui de l’explosion de la bulle Internet de 2000, prédisent les oracles de Wall Street. Le hic, c’est que l’économie mondiale ne s’est jamais aussi bien portée que ces deux dernières années. Aux Etats-Unis, on parle de 100 mois de reprise d’affilée. Du jamais vu depuis un demi-siècle.
Il est question également de situation de quasi plein emploi, l’idéal recherché par tout gouvernement. Mais les marchés n’aiment décidément pas les bonnes nouvelles. Comme celle par laquelle le krach est arrivé ce vendredi 2 février : une news de quelques lignes qui annonçait une augmentation des salaires aux Etats-Unis de 2,5% sur un an. Une information réjouissante pour la population, mais pas pour les tenants des Bourses mondiales et des algorithmes qui les font tourner. Car si la hausse des revenus équivaut au bien-être et prouve la bonne santé d’une économie, les algorithmes, eux, y voient surtout un risque inflationniste. Et qui dit inflation dit hausse des taux d’intérêt et, par ricochet, la fin de l’argent facile. Une catastrophe pour des cols blancs devenus addict aux prêts à taux zéro que la FED leur servait tout au long de ces neufs dernières années pour booster la machine économique. Une politique qui a porté ses fruits, mais qui se retourne aujourd’hui contre les banques centrales et tous les gouvernements mondiaux qui y ont souscrit. Mais aussi et, surtout, contre les peuples, dont toute réévaluation des salaires ou des revenus deviendra désormais un facteur déstabilisateur. Keynes est définitivement mort. Vive les algorithmes. Un drôle de monde vous appelle.