Jeu de chaises musicales pour le poste de ministre des Affaires africaines

À la veille du prochain conseil des ministres, tour d’horizon des ministrables pour les Affaires africaines, département créé par Mohammed VI pour suivre les investissements sur le continent.

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Le poste de ministre délégué aux Affaires africaines demeure vacant trois mois après l’annonce de sa création le 13 octobre dernier dans un discours de Mohammed VI. Un tel ministère a déjà existé de 1961 à 1963, occupé par le docteur Abdelkrim Al Khatib. Celui qui deviendrait plus tard le fondateur du PJD apportait alors des valises pleines de billets de banque et de passeports diplomatiques marocains aux mouvements de libération africains qui occupaient un bureau derrière l’hôtel Balima à Rabat.

Selon les éléments du discours royal, le ministre délégué aux Affaires africaines du XXIe siècle se chargera, lui, « particulièrement de l’investissement« , en coordination avec deux cellules au sein de l’Intérieur et des Finances. Sa nomination pourrait coïncider avec un remaniement ministériel pour au moins remplacer les trois ministres et un secrétaire d’État du gouvernement El Othmani I limogés par décision royale le 24 octobre.

Le blocage du remaniement n’explique qu’en partie le délai pour la nomination d’un ministre des Affaires africaines. Alors que le poste est rattaché à un ministère de souveraineté, le casting devrait faire fi des comptes d’apothicaires politiciens. La sélection du candidat idéal relève tout de même du véritable casse-tête, selon l’aveu d’une source proche du dossier. Telquel.ma joue donc les chasseurs de têtes, avec une bonne dose de spéculation, mais pas seulement.

FICHE DE POSTE

Le terrain de jeu du futur ministre délégué sera évidemment diplomatique, mais la dimension « investissement » de ce portefeuille ministériel relève également d’un volet technique sur la partie financière. Au sein d’un ministère de souveraineté, la confiance en haut lieu semble aussi être une condition sine qua non. Enfin, il faut aussi imaginer que le candidat idéal devra fonctionner en duo avec le ministre de tutelle Nasser Bourita. À ce jeu-là, Mounia Boucetta remplit le plus de critères sur le papier, mais les business men, les diplomates, et les hauts-fonctionnaires n’ont pas dit leur dernier mot.

LES BUSINESS MEN

Meriem Bensalah, présidente de la CGEM.
Meriem Bensalah, présidente de la CGEM.Crédit: DR

Miriem Bensalah

La patronne des patrons à qui l’on a déjà prêté des velléités pour un poste au gouvernement, de l’Industrie à la Primature, se verrait-elle bien aux Affaires africaines ? De tous les déplacements royaux en Afrique, elle apparaît en bonne place sur les photos officielles, et la CGEM s’enorgueillit d’assurer le suivi des projets lancés lors de ces tournées. Qui plus est, le règlement de la CGEM ne l’autorise pas à se représenter pour un troisième mandat à la tête du patronat. Peut-on imaginer que l’hyperactive Miriem Bensalah s’en retourne à l’unique gestion de la société familiale des Eaux minérales d’Oulmès ?

Abdelmalek Alaoui © Yassine Toumi
Abdelmalek Alaoui © Yassine Toumi

Abdelmalek Alaoui

« Fils du Makhzen« , patron du Huffington Post et de La Tribune Afrique, spécialiste de l’influence en Afrique, il écrit chaque semaine sur les investissements africains. Des chroniques africaines compilées dans un ouvrage, Le Temps du continent, paru en septembre. Fils d’un ancien ministre et d’une actuelle ambassadrice, en est-il pour autant suffisamment diplomate ? Des rumeurs le disent en pleine phase d’intrigue pour le poste, mais, contacté par Telquel.ma, l’intéressé dément avoir fait acte de candidature à quelque niveau que ce soit.

LES DIPLOMATES

Mounia Boucetta © Yassine Toumi/TELQUEL
Mounia Boucetta © Yassine Toumi/TELQUEL

Mounia Boucetta

Diplomate d’adoption, c’est déjà pour sa touche « éco » que l’ancienne directrice générale adjointe en charge du support à CDG Capital et PDG de MADAEF a fait son entrée dans la « diplo ». Dans les faits, les tournées de suivi des projets royaux que la secrétaire d’État auprès des Affaires étrangères effectue en Afrique ressemblent à s’y méprendre à ce que pourrait être le rôle d’un ministre délégué des Affaires africaines, tel que brièvement décrit dans le discours du roi. En outre, le duo est déjà formé avec le ministre de tutelle Nasser Bourita. Aussi, le nom de Mounia Boucetta est celui qui revient le plus fréquemment dans la bouche des observateurs.

Fathallah Sijilmassi - Crédit : UFM
Fathallah Sijilmassi – Crédit : UFM

Fathallah Sijilmassi

Où va atterrir Fathallah Sijilmassi au terme de son mandat de secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée ? Diplomate de carrière, économiste de formation passé par le secteur bancaire, il a aussi dirigé l’Agence marocaine pour le développement des Investissements (AMDI). Une double casquette qui fait mouche sur le papier. Mais cet ancien ambassadeur auprès de l’Union européenne puis en France, n’est-il pas davantage tourné vers le vieux continent que vers l’Afrique ?

LES HAUTS FONCTIONNAIRES

Mohamed Hamidouch - Crédit : DR
Mohamed Hamidouch – Crédit : DR

Mohamed Hamidouch

Haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement dont il est le représentant à Dakar de 2004 à 2011, Mohamed Hamidouch est un expert du financement de projets en Afrique. Depuis qu’il a quitté la BAD en doyen, il se fait néanmoins discret, mais son carnet d’adresses en Afrique de l’Ouest pourrait être d’un grand secours en période de négociation pour intégrer la CEDEAO.

 

 

Khalid Safir © Yassine Toumi / TELQUEL
Khalid Safir © Yassine Toumi / TELQUEL

Khalid Safir

L’ancien ancien wali de Casablanca aux Affaires africaines ? Et pourquoi pas ? Le polytechnicien a fait sa carrière entre l’Équipement, l’Intérieur et les Finances où il a été secrétaire général du ministère. Il paraît qu’il y pense en se rasant le matin, mais l’intéressé n’a pas souhaité commenter.

LES INSIDERS

chami hilale sbihiLes noms d’Ahmed Reda Chami et Omar Hilale, respectivement ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne et des Nations unies ont été évoqués par la presse. Ce serait une surprise pour les intéressés. Alors que le ministère des Affaires étrangères a la réputation de ne pas porter ses cadres aux plus hautes fonctions — même si l’actuel ministre est un contre exemple —, pourquoi ne pas imaginer que l’actuel directeur de la direction des Affaires africaines devienne ministre délégué ? Mohamed Sbihi a notamment été conseiller technique d’Ahmed Osman (alors Premier ministre) et plusieurs fois ambassadeur.

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