« On aurait souhaité l’avoir avec nous à nouveau », regrettent les anciens camarades de Mounia Boucetta au ministère de l’Industrie. La secrétaire d’État déploiera désormais ses compétences au sein du ministère des Affaires étrangères et la Coopération internationale, où elle a été nommée le 5 avril.
Si elle est tant regrettée par ses anciens collaborateurs, c’est que Mounia Boucetta a passé près de 20 ans au ministère de l’Industrie et a vu défiler les ministres. Alami Tazi, Mustapha Mansouri, Rachid Talbi Alami, Salaheddine Mezouar, Ahmed Reda Chami, ou encore Abdelkader Amara, pour ne citer qu’eux. « C’est une femme qui a beaucoup de valeur, honnête, et une grande travailleuse. Quand elle était secrétaire générale, je n’avais même pas besoin de vérifier ce qu’elle faisait, tant elle maîtrisait son sujet », témoigne Ahmed Reda Chami, ex-ministre de l’Industrie, désormais ambassadeur auprès de l’Union européenne.
L’industrie dans le sang
Après un bac en sciences et mathématiques obtenu en 1985, elle s’inscrit à l’École Mohammedia des Ingénieurs (EMI). Elle en sort, cinq ans plus tard, avec le titre d’ingénieur d’État en génie des procédés industriels. Elle tente une expérience dans le privé, mais finit par rejoindre le ministère de l’Industrie. Elle débute au sein de la direction de la production industrielle, avant d’être promue chef de division de l’approvisionnement et de la distribution.
Mounia Boucetta gravit les échelons petit à petit. Lorsqu’elle obtient un poste de direction au sein de son ministère de toujours, ce n’est pas à l’industrie qu’on la retrouve, mais au Commerce. En 2000, elle est promue au poste de directrice du commerce intérieur, un des secteurs les plus compliqués à gérer. Pendant 10 ans, elle essaiera de mettre de l’ordre dans un secteur miné par l’informel.
En mars 2010, Ahmed Reda Chami la nomme secrétaire générale du ministère. « En femme de dossiers, elle a contribué à plusieurs grandes stratégies, qu’il s’agisse des plans Émergence, Rawaj, Maroc numérique, etc. », se rappelle un de ses anciens collaborateurs. Mais s’il y a un dossier « à mettre à son actif, et à elle seule, c’est celui de la loi sur la protection des consommateurs », ajoute notre source. C’est un sujet qui lui tenait à cœur et elle a milité des années durant en sensibilisant l’opinion publique, en menant les discussions et négociations avec le tissu associatif jusqu’à donner vie à cette loi en 2011.
Les années CDG
En 2010, Mounia Boucetta pense à changer de carrière. Son départ du ministère de l’Industrie devient un sujet sérieux. « Chami a réussi à la faire changer d’avis« , confie une source bien informée. Elle accepte de rester, mais pas pour longtemps. En septembre 2013, après trois ans au secrétariat général du ministère, Mounia Boucetta rejoint la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).
Six mois avant son départ du ministère, elle a été décorée du Wissam Al Arch, récompensant des années de bons et loyaux services au sein du ministère de l’Industrie. À la CDG, c’est un tout autre domaine qu’elle explore puisqu’elle est nommée directrice générale adjointe en charge du support à CDG Capital.
On se rend rapidement compte de ses compétences et capacités. 10 mois seulement après son arrivée, elle est promue PDG de Madaef, le fonds d’investissement dédié au secteur touristique. Mounia Boucetta arborera une discrétion à la hauteur de la sensibilité de l’entité qu’elle gère. Elle rejoint l’équipe CDG au moment où le groupe opère un important travail de réorientation stratégique et un reclassement des activités, notamment celles liées au secteur touristique.
La voix économique de la diplomatie
Quand certains l’attendaient plutôt au département de l’Industrie, qu’elle connait sur le bout des doigts, Boucetta est propulsée au ministère des Affaires étrangères. Une surprise pour plusieurs, mais « une bonne surprise« , d’après une source bien informée. « C’est une dame de dossiers et elle sait fédérer ses équipes autour des objectifs à atteindre », avance un de ses anciens collègues.
La nouvelle secrétaire d’État maîtrise tous les sujets économiques du pays. « Elle est au fait de tout« , affirme notre source. « Elle aura certainement quelques efforts à faire sur les dossiers des Affaires étrangères, mais elle donnera à la diplomatie marocaine cette touche économique qui lui manquait tant », commente un diplomate.
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