L’UMT et la CDT se disent déçus par « le comportement » du gouvernement qui les met devant le « fait accompli » en présentant au parlement la très attendue loi sur la grève. Ils menacent de manifester.
« C’est inconcevable de soumettre la plus importante des lois sociales à l’Exécutif sans passer par une consultation syndicale en amont », fulmine Miloud Moukharik, secrétaire général de l’UMT. De son côté, Allal Belarbi, membre du bureau exécutif de la CDT ne comprend pas que le gouvernement agisse « sans aucune considération du contexte politique, social et de façon complètement démagogue ».
L’UMT et la CDT sont vent debout contre l’initiative du ministre du travail Mohamed Yatim qui déposé le projet de loi sur le droit de la grève au parlement pour qu’il soit débattu sans consultations avec les syndicats en amont. Le ministre a envoyé ce début de semaine des correspondances aux centrales syndicales pour qu’elles soumettent leurs propositions concernant la loi de la grève, mais ces dernières jugent cette action insuffisante.
Pour les représentants des centrales, la question de la grève n’a pas été soulevée lors des deux réunions syndicales avec le Chef de gouvernement. « A aucun moment de ces rencontres nous n’avons mentionné le projet de loi sur le droit de grève, nous avons été surpris par la dernière correspondance demandant notre avis sur le projet de loi » s’insurge Belarbi. Le syndicaliste qualifie ces réunions de « vides de substance sans agenda et sans planning. » Pour l’UMT, le gouvernement « nous met devant le fait accompli et ne nous traite pas comme un partenaire égale dans le dialogue social. »
Ce n’est pas « qu’une erreur de forme » pour les syndicalistes, le corps de la mouture pose aussi problème. Sans surprise, ils estiment que le texte penche pour le patronat au détriment des salariés. « Le droit de grève est un droit constitutionnel, depuis la première Constitution du Maroc. » Il poursuit son argumentaire, « la Constitution de 2011 n’a que consolidé un socle déjà présent et aujourd’hui nous perdons un droit fondamental avec cette loi organique. »
Le gouvernement, de son côté, défend le fait d’avoir assurer la balance entre les différentes parties. Dans un communiqué à l’issue du Conseil de gouvernement qui remonte à juillet 2016, l’exécutif assure que « le texte assure un équilibre entre les intérêts des individus et des groupes et concilie entre les droits et les devoirs, qui sont les fondements de l’Etat de droit».
Un avis que ne partage pas les syndicats qui préparent « un plan d’attaque pour imposer le dialogue social » contrer « cette instrumentalisation de la loi par l’exécutif qui remonte au gouvernement Benkirane ». La CDT prépare à son actif plusieurs manifestations, le 14 février une mobilisation administrative générale suivi par des manifestations régionales. L’UMT adopte une approche différente, « une commission d’étude se penche actuellement sur ce projet de loi et rendront un rapport détailler avec les remarques ».
Pour rappel, la loi organique sur le droit de grève avait été déposé par le gouvernement Benkirane et adopté par le Conseil des ministres, fin septembre 2016. Après deux ans de statu quo le projet de loi a resurgi dans l’agenda politique avec des correspondances transmises par Mohamed Yatim aux syndicats.
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