Atlanspace, un drone intelligent pour lutter contre la pêche illégale

Commercialisé à un prix encore confidentiel, le drone d'Atlanspace ne sera pas destiné aux particuliers, mais aux gouvernements, institutions et ONGs (Wikimedia Commons)

Atlanspace a remporté le prix de l’innovation de l’African Entrepreneurship Award, lancé par la BMCE, pour son projet de drone intelligent. Une technologie de pointe, développée dans le but d’arrêter les auteurs de délits environnementaux.

L’idée est née en décembre 2015, d’une discussion entre deux amis de longue date, Younès Moumen et Badr Idrissi. Le premier est ingénieur en informatique, fondateur de start-ups spécialisées dans l’intelligence artificielle.

Le second a été directeur des ventes au sein de plusieurs multinationales. Des profils différents, mais complémentaires, qui prennent simultanément conscience de « l’urgence d’agir pour la planète », après l’annonce de l’attribution de la COP22 à Marrakech.

Cherchant à se rendre utiles, ils tombent sur un rapport de l’Overseas Development Institute sur la pêche illégale en Afrique. Un « fléau » qui représenterait, selon le document, un manque à gagner annuel pour le continent de 1,4 milliard de dollars – soit jusqu’à 2% du PIB pour des économies comme celles du Sénégal. Le duo décide de mettre à profit ses compétences pour tenter d’enrayer le phénomène.

C’est ainsi qu’il crée, en mars 2016, Smarter Life Innovations – l’entreprise qui deviendra plus tard Atlanspace. Le but n’est pas de fabriquer des drones, mais de mettre au point un logiciel qui leur permettra d’identifier, de façon complètement autonome, les bateaux en infraction.

Concrètement, cela signifie qu’un avion sans pilote pourra traiter lui-même les photos qu’il prend, en volant à une altitude de 500 à 5.000 mètres. Plutôt que de transmettre aux autorités les clichés bruts, l’appareil ne leur enverra les données, via un message satellitaire, que si un comportement suspect est remarqué.

« Cette innovation va changer la façon dont les drones opèrent », affirme Badr Idrissi. « Aujourd’hui, ils sont limités par la portée des équipements de télécommunication qui est d’environ 90 kilomètres. Demain, ils n’auront plus cette restriction, et pourront s’éloigner jusqu’à 800 kilomètres ».

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Les engins télécommandés auront un rôle complémentaire des satellites, comme celui lancé début novembre par le Maroc. Là où la résolution du satellite Mohammed VI-A (70cm/pixel) permettra seulement de localiser un navire, la précision du drone discernera s’il s’agit d’un chalutier, d’un voilier ou d’un pétrolier, s’il possède les bons filets, etc.

Des ONG basées aux Seychelles et en Tanzanie ont déjà sollicité des démonstrations dans les semaines à venir. Des institutions marocaines ont également manifesté leur intérêt, notamment pour l’agriculture et la protection des forêts. De nouvelles applications qui ne nécessiteront qu’une « adaptation technique de l’algorithme« , assure Badr Idrissi.  Interrogé sur l’arrêté du 23 février 2015, accusé de restreindre l’importation et l’utilisation des véhicules aériens autonomes dans le Royaume, il estime « tout à fait normal que l’État cherche à protéger ses citoyens, et qu’il y ait une procédure et des lois à respecter« .

Outre ses deux instigateurs, Atlanspace emploie aujourd’hui trois doctorants. La société s’est également associée aux universités internationales de Rabat et Mohammed Ier d’Oujda, pour améliorer respectivement l’aéronautique et l’intelligence artificielle.

Financée par Microsoft (120.000 $), le gouvernement marocain et l’Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (15.000$), l’entreprise recevra 50.000$ supplémentaires grâce à l’African Entrepreneurship Award. « Nous avons plein de projets en tête. Ça va beaucoup nous aider à les faire avancer », s’enthousiasme Badr Idrissi.

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