Portrait. Mélenchon, leader tangérois de la gauche radicale devenu le meilleur ennemi de Macron

Ancien apparatchik socialiste devenu héraut de la gauche radicale, orateur enflammé en guerre ouverte contre l'"establishment", Jean-Luc Mélenchon en est venu à incarner en France l'"opposant en chef" du président centriste Emmanuel Macron.

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Jean-Luc Mélenchon en 2017.

S’il n’est pas parvenu à se qualifier pour le second tour de la présidentielle de 2017, il a toutefois réussi à rassembler près de 20% des voix au premier tour, au coude à coude avec le candidat de droite François Fillon et la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, alors qu’il partait en lointain challenger – avec moins de 10% des intentions de vote.

Cheveux grisonnants, adepte des vestes à col Mao, « Méluche », 66 ans, a remporté dans la foulée un siège de député et fait son entrée en juin au Parlement avec 16 autres de son mouvement, le poing levé et scandant « Résistance! »

Depuis, malgré la modeste taille de son groupe parlementaire, Jean-Luc Melenchon s’est s’imposé comme la figure d’opposition la plus affirmée au gouvernement, profitant des crises traversées par les autres partis depuis le raz-de-marée Macron, entre socialistes déconfits, droite privée de chef et extrême droite déchirée en interne.

« Nous représentons l’alternative au monde que vous représentez », a-t-il lancé au Premier ministre Edouard Philippe venu s’adresser aux députés.

Vent debout contre la réforme du droit du travail imposée par Emmanuel Macron, le chef de file de la gauche contestataire a appelé ses partisans à « déferler » sur Paris pour protester contre le « coup d’Etat social » de l’exécutif. Un rendez-vous sur lequel il compte pour asseoir son statut d’opposant politique numéro un en France.

Né à Tanger au Maroc, passé par le militantisme étudiant, tendance trotskiste, Jean-Luc Mélenchon rejoint le Parti socialiste à 25 ans. Élu local puis ministre, il claque finalement la porte du Parti socialiste (PS) en 2008 après avoir été encarté pendant 30 ans.

L’ancien sénateur participe au Front de gauche, mouvement antilibéral incluant les communistes, et porte ses couleurs à la présidentielle en 2012 où il réalise un score modeste de 11%.

Cinq ans plus tard, à la tête de son nouveau mouvement « La France Insoumise », il réussit à éclipser la gauche de gouvernement et à réunir 19% des votes au premier tour du scrutin présidentiel, en surfant sur le « dégagisme » ambiant et en sortant vainqueur d’échanges musclés avec ses adversaires.

La faconde de cet admirateur de la gauche latino-américaine lui vaut de crever l’écran sur Youtube où sa chaîne bat des records d’audience. Ses traits d’esprit sont suivis par plus d’un million d’abonnés sur Twitter.

Cet orateur de talent n’hésite pas à labourer le terrain à pied, en camionnette, en péniche. Il sait captiver son auditoire sans notes et galvaniser les foules, promettant de rendre le pouvoir au « peuple ».

Infatigable pourfendeur de l’extrême droite anti-immigration, à qui il dispute l’électorat populaire, il ne désespère pas de rallier à sa cause les « fâchés mais pas fachos », alors que le Front national de Marine Le Pen traverse une grave crise interne.

« Tournez leur le dos et venez avec nous, parce que nous on défend les salariés, et les autres aussi », leur a-t-il encore lancé jeudi.

Adepte autoproclamé du « parler dru et crû », l’homme ne laisse pas indifférent. Populiste de gauche pour ses adversaires, défenseur du peuple contre l’oligarchie pour ses partisans, il suscite la méfiance chez une majorité de Français, dont plus de la moitié ont une mauvaise opinion de lui, selon un sondage publié jeudi.

Malgré tout, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon arrive en tête des formations citées comme la première opposition au gouvernement, selon une récente enquête d’opinion, avec 32%, contre 14% pour le Front national.

« C’est là qu’est le contre-pouvoir. C’est là qu’est le contre-président », jugeait cette semaine l’éditorialiste français Alain Duhamel dans le quotidien Libération.

 

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