Hirak: le Maroc répond aux accusations de torture relayées dans un rapport de Human Rights Watch

Le délégué interministériel aux droits de l'Homme, Mahjoub El Haiba (MAP/Mia Nouredine)

L’ONG américaine Human Rights Watch a publié un rapport très critique, accusant le roi « d’ignorer » les allégations de torture à l’encontre des militants du Hirak. La Délégation interministérielle aux droits de l’homme (DIDH) a répondu le 16 septembre, dans un communiqué parvenu cette nuit à l’agence MAP.

« Le rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) sur les événements d’Al Hoceima (…) comprend des allégations et des erreurs sans fondement« , écrit la Délégation interministérielle aux droits de l’homme (DIDH), rattachée au ministère d’État chargé des droits de l’homme, critiquant d’abord la forme, avant de répliquer sur le fond du document, qui relaie notamment des accusations de « torture » à l’encontre de militants du Hirak. 

La DIDH exprime le rejet de son contenu, « compte tenu du fait que la méthodologie utilisée manque de professionnalisme et de l’indépendance nécessaires à l’élaboration des rapports par les organisations crédibles, particulièrement en matière de précision, d’enquête sur le terrain (…) et de recoupement des sources d’information« .

Pour la délégation, l’analyse par HRW du discours du Trône comme un blanc-seing donné aux forces de l’ordre, et le fait de s’adresser au roi Mohammed VI « confirme une nouvelle fois le mépris flagrant du rédacteur (…) pour le travail des institutions constitutionnelles du Royaume et leurs prérogatives » – notamment depuis l’installation du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le 6 avril 2017.

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« Les autorités marocaines n’acceptent pas qu’une organisation internationale qui prétend défendre les droits de l’homme discrédite, de manière systématique, l’indépendance et l’impartialité de la justice marocaine, qui a le plein pouvoir d’examiner la validité des allégations concernant tout abus, quels qu’en soit sa nature ou son auteur« .

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À propos de ces présumés abus, la DIDH estime que « les forces de maintien de la paix ont le droit de recourir à la force pour disperser les manifestations violentes et illégales« , et que « les manifestants n’ont pas le droit d’affronter les éléments des forces de sécurité ou de détruire la propriété publique et privée, voire de perturber l’ordre public et d’occuper le domaine public de manière illicite« .

La police a procédé à des interpellations « dans le sillage des manifestations de la province d’Al Hoceima, en raison d’actes contraires à la loi qu’ils auraient commis« , ajoute encore le communiqué. 

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Selon la délégation interministérielle, les procédures judiciaires intentées par le procureur, sous la supervision du parquet, ont veillé « au respect des droits de l’homme, y compris la présomption d’innocence et l’obligation d’offrir toutes les garanties d’un procès équitable« .

Au sujet des accusations de violence et de torture, le communiqué affirme que les 66 cas présumés ont tous fait l’objet d’examens médicaux, débouchant sur l’ouverture de 23 enquêtes. De même, il précise que sur les 244 personnes inculpées, 185 sont toujours en détention, et 59 en liberté – en l’absence de preuves, 20 autres poursuites ont été abandonnées.

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Enfin, la délégation interministérielle objecte que des représentants d’associations locales et nationales ont pu effectuer plusieurs visites sur place, et rappelle que le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) « prépare actuellement un rapport sur le sujet« .

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