Centrafrique: l'évêque de Bangassou suggère de remplacer les soldats marocains de la Minusca

Pour Monseigneur Juan José Aguirre, la présence de Casques bleus musulmans dans la région de Bangasssou (sud-est de la RCA) alimente les tensions alors que les recents affrontements donnent une dimension de plus en plus confessionnelle à la crise que traverse le pays.

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Une nouvelle vague de violence agite la localité de Bangassou (sud-est de la République centrafricaine) depuis le début de la semaine. Elle a coûté la vie à trois Casques bleus marocains depuis dimanche. Alors que deux autres avaient déjà été tués au mois de mai.

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Pour Monseigneur Juan José Aguirre, l’évêque espagnol de Bangassou, il ne fait aucun doute les soldats marocains sont particulièrement visés par ces attaques. La plupart de celles-ci, sont d’ailleurs attribuées aux miliciens anti-Balaka, un groupe armé majoritairement constitué de chrétiens.

Dans un entretien accordé à l’agence de presse espagnole Europa Press (EP), l’évêque explique que dans le contexte actuel de tension, la présence de Casques bleus issus de pays musulmans est perçue comme un parti pris pour les populations musulmanes.

2.000 musulmans déplacés à Bangassou

Il rappelle à ce propos que les violences du mois de mai, qui avaient coûté la vie à deux soldats marocains du contingent de la Mission onusienne en Centrafrique (Minusca) a pour origine une attaque menée par les anti-Balaka contre les rebelles Seleka, un groupe armé majoritairement constitué de musulmans.

Les violences et représailles qui ont suivi auraient d’après le père Aguirre, poussé 2.000 musulmans à trouver refuge dans la cathédrale et le séminaire de Bangassou, qui sont régulièrement pris pour cible par les anti-Balaka. Il précise d’ailleurs que les attaques perpétrées en début de semaines ont été lancées alors que les Casques bleus marocains rapportaient de l’eau aux réfugiés de la cathédrale.

La Minusca empêche un « carnage » dans la région

S’il reconnaît que dans la crise qui agite le pays depuis 2013, la religion n’est qu’un « écran », l’évêque estime que le départ des Casques bleus marocains « apaiserait la situation ». Pour autant, il ne suggère pas un départ des élément de la Minusca, dont la présence empêche un véritable « carnage » dans la région.

Mgr Aguirre préconise que les Casques bleus marocains engagés dans la région de Bangassou soient remplacés par des des Casque bleus d’un pays non musulman. En mars 2016, alors que le Maroc menaçait de se retirer des opérations de maintien de la paix de l’ONU en raison de la crise qui l’opposait à l’ancien secrétaire général, Samuel Rangba, chef de la diplomatie Centrafricaine, avait adressé une lettre à Salaheddine Mezouar, à l’époque ministre des Affaires étrangères, pour exhorter le Maroc à maintenir son contingent au sein de la Minusca.

Cette année-là, les affrontements en Centrafrique avaient coûté la vie à un seul soldat marocain, le caporal Khalid El Hasnaoui. Depuis le mois de mai, ce bilan a été multiplié par cinq.

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