Salut à vous, les amis. Vous avez bonne mine, c’est magnifique. Et vous avez du mérite, parce que ce ramadan est particulièrement éprouvant. Zakaria Boualem vit terré chez lui, il est très angoissé. Il a toutefois pu vous concocter ce petit tour d’horizon de son actualité, avec la mauvaise foi et la subjectivité qui le caractérisent. Sans plus de formalités, c’est parti.
Morning Tramdina. Ça s’est passé un matin, vous êtes sans doute au courant. Une glorieuse brochette de pays arabes menés par l’Arabie Saoudite décident de rompre toute relation diplomatique avec le Qatar, jugé soudain infréquentable. On ferme les frontières, on suspend les vols, on ferme les espaces aériens, je vous laisse imaginer les conséquences pour ce petit pays qui a l’air malin avec son PSG. Passons sur les raisons officiellement invoquées et concentrons-nous sur la vitesse du processus. Elle est prodigieuse, il n’y a même pas eu de discussion qui ait pu donner lieu à une escalade. La bonne nouvelle, évidemment, c’est que les bisous peuvent revenir à la même vitesse, c’est courant chez nous. C’est le ramadan, quoi.
Sunday Glory. Dimanche dernier, sur les écrans d’une chaîne nationale a été diffusé un objet audiovisuel des plus singuliers, une étrangeté qui a plongé Zakaria Boualem dans un état proche de l’hypnose. Techniquement, il s’agissait d’un téléfilm, l’histoire d’une animatrice radio engagée contre les violences faites aux femmes. La star de la radio s’appelle Ibtissam, elle est jouée par la star de la chanson marocaine qui s’appelle Ibtissam, l’émission qu’elle anime s’appelle “Allo Ibtissam”, et c’est aussi le nom du téléfilm. Ibtissam est dans toutes les scènes, on peut même parfois la voir deux ou trois fois dans le même plan, parce que Ibtissam vit dans un appartement où elle a accroché des photos d’Ibtissam et qu’elle achète aussi les journaux avec Ibtissam en couverture qu’elle consulte langoureusement. Coup de grâce : pendant les coupures pub, on a eu droit à des bandes-annonces qui présentaient des émissions avec… Ibtissam. Jamais un seul individu n’avait autant trusté les écrans, à part pendant les activités royales des années 1980, il fallait le noter.
Pik ya wlidi. Pour les néophytes, il s’agit d’une interjection ironique un peu désespérée, manifestant une surprise mêlée à de l’admiration devant l’effort fourni pour créer du délire, une sorte de pchakh ou tezz avec dedans un peu de aweddi… Elle aurait été lancée à la face du procureur par un des manifestants rifains à la lecture de son acte d’accusation. Il faut dire que la liste des méfaits dont on les soupçonne est prodigieuse. C’est bien simple, il n’y manque que l’accusation de cannibalisme, tout le reste y est. Nous nous enfonçons dans les ténèbres, c’est incontestable.
Restore Hope. Imaginez un peu : 40 000 surveillants mobilisés, des peines de prison prévues pour les traîtres, des dispositifs de brouillage en plus de la sécurisation des centres de décision. Il n’est pas ici question d’une opération militaire de grande envergure, mais des prochaines épreuves du baccalauréat. Le spectacle offert par un pays en état d’alerte pour sauver un des symboles de l’enseignement, il ne faut pas hésiter à l’écrire : c’est beau.
Maître Renard. Il faut être honnête : notre brillant sélectionneur national a su briser la spirale de l’échec dans laquelle nous étions engoncés en se qualifiant pour les quarts de finale de la Coupe d’Afrique. Depuis, il est un peu en roue libre. Il engueule les journalistes qui osent lui poser des questions sur la liste des convoqués et menace de plier bagage quand on le contrarie. Il considère les réactions du public comme une sorte d’incongruité qu’il n’a pas à supporter le pauvre. Il est même venu nous expliquer qu’il fallait respecter les joueurs qui avaient interrompu leurs vacances pour venir, c’est une phrase prodigieuse. Oui, les amis, il est bien devenu un noble dirigeant du Maroc Moderne, il faut qu’on lui donne un passeport, vite, il le mérite. Voilà, Zakaria Boualem vous salue, et merci.