Après avoir été présentés devant le procureur général près la Cour d’appel de Casablanca le samedi 10 juin, les activistes du mouvement de contestation dans le Rif Silya Ziani et Karim Amghrar ont été placés en détention préventive par le juge d’instruction, au terme de leur garde à vue. Ils passeront ce soir leur première nuit à Oukacha où ils resteront jusqu’à leur jugement.
Silya Ziani, arrêtée le 5 juin, est poursuivie pour « participation à une manifestation non autorisée » et « outrage à agents publics lors de son arrestation« . Étudiante, chanteuse et actrice, Silya Ziani de son vrai prénom Salima, prenait de temps à autre la parole dans les rassemblements quotidiens et pacifiques à Al Hoceima pour demander la libération des leaders du Hirak. Sa voix retentissait aussi par-dessus la foule pour lancer des slogans. D’ailleurs, d’après l’un des avocats de la défense, le procureur général l’a interrogée avec insistance sur la signification des slogans « Jalalat al-chaâb » (sa majesté le peuple) et « Ach al-chaâb » (vive le peuple) qu’elle lançait lors de ces rassemblements. Elle a également été interrogée sur l’origine d’un virement de 200 à 300 € qu’elle aurait reçu.
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Karim Amghrar, quant à lui, est poursuivi pour « ébranlement de la foi d’un musulman » et « atteinte à la sûreté de l’Etat« .
Joint par Telquel.ma, l’avocat de la défense Isaac Charia dénonce, avec d’autres, « une stratégie du tribunal » pour « fatiguer les avocats« . Il affirme qu’un sit-in des avocats de la défense a été organisé pour exprimer leur mécontentement face « au retard de réponse et de transmission des pièces« , « les longues heures d’attente » et « le manque d’informations sur la tenue des audiences » et l’ »éparpillement en une multitude de dossiers différents au lieu de les rassembler » notamment. « Au début, on a cru à une erreur. La deuxième fois, on a cru à une coïncidence. À présent, il apparaît clairement que c’est une stratégie. Il s’agit de semer le doute entre les avocats et leurs clients, et entre les avocats eux-mêmes afin de les diviser, » accuse-t-il.
À Al Hoceima où le mouvement de contestation populaire se poursuit, « il y a eu trois arrestations ces dernières 24 heures« , a indiqué à l’AFP une source au sein de l’exécutif local. L’identité des personnes interpellées n’a pas été précisée.
Selon les derniers chiffres officiels, communiqués par le porte-parole du gouvernement Moustapha El Khalfi, 86 personnes ont à ce jour été présentées à la justice, dont une trentaine ont été placées en détention préventive, accusées de lourdes charges, et notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure« . Des avocats des prévenus ont dénoncé des cas de torture et de mauvais traitements. Mustapha El Khalfi a déclaré, citant des instructions « royales fermes« , que la loi sera appliquée « avec fermeté » si ces cas sont prouvés par des expertises médicales.
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Dans la rue, les manifestations se poursuivent depuis quinze jours à un rythme quotidien à Al-Hoceïma. Vendredi, les manifestants se sont rassemblés pour la première fois avant le ftour. Ils ont été dispersés par les forces de l’ordre. À Imzouren, de violents affrontements ont opposé policiers et manifestants dans la nuit de vendredi à samedi, une semaine après des incidents similaires.
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