Pourquoi le Maroc veut (enfin) devenir membre de la CEDEAO

Après l'Union africaine, le roi Mohammed VI demande officiellement l'adhésion du Maroc à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Détails.

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Mohammed VI au Rwanda. Crédit : MAP

Après avoir fustigé lors de son discours historique à Addis-Abeba les atermoiements pour la constitution d’une véritable Union du Maghreb arabe, et exprimé tout le bien qu’il pensait d’autres organisations continentales plus efficaces, notamment la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) citée nommément, le roi Mohammed VI joint les actes à la parole.

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Le Maroc a exprimé, ce vendredi 24 février, sa volonté d’adhérer à la CEDEAO, où il a pour le moment un statut d’observateur. La demande émane du roi Mohammed VI directement. Elle est on ne peut plus officielle, comme on peut le lire sur le site du ministère des Affaires étrangères, qui annonce la décision royale dans un communiqué:

Le Royaume du Maroc a informé, aujourd’hui, Son Excellence Madame Ellen JOHNSON SIRLEAF, Présidente du Liberia et Présidente en exercice de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de sa volonté d’adhérer à cet ensemble régional en tant que membre à part entière.

Selon la même source, la demande du Maroc est « en conformité avec les dispositions du Traité fondateur de la CEDEAO« . Elle « satisfait totalement aux critères d’adhésion« , peut-on encore lire. Une manière d’appuyer encore plus la demande. Aussi, le communiqué ne tarit pas d’éloges sur l’ensemble régional « dont le processus d’intégration est parmi les plus ambitieux et les plus avancés à l’échelle du continent africain ».

La communication officielle cite les efforts du royaume à l’adresse des quinze membres de l’organisation qui défend les intérêts des pays de l’Afrique de l’ouest. Le ministère des Affaires étrangères rappelle notamment les 23 visites royales aux 11 pays de la région, soit une bonne moitié des déplacements royaux en Afrique subsaharienne, avec à la clé « plusieurs centaines d’accords ».

Il s’agit aussi de « l’environnement géopolitique naturel du Maroc », explique à Telquel.ma une source diplomatique. Autre point très important: les pays de la CEDEAO sont les « alliés politiques du Maroc« , ajoute notre source. D’ailleurs, force est de constater que seuls deux pays de la région reconnaissent la RASD, tandis que tous les autres sont des soutiens clairs et directs au royaume.

De plus, « les liens économiques avec les pays de cette région sont très forts », ajoute notre interlocuteur. Le Maroc est le premier investisseur de la région et des accords de libre-échange le lient à des pays de cet ensemble économique. Mais alors, pourquoi le royaume n’introduit-il sa demande que maintenant? « Cela ne pouvait se concevoir sans au préalable l’intégration du Maroc à l’Union africaine », analyse notre source diplomatique. Et de conclure: « Nous assistons à un tournant important des équilibres en Afrique ». 

La CEDEAO a été créée en 1975, avec pour objectif principal  « la promotion de la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest ».  Elle comprend 15 pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo Cap-Vert). La CEDEAO, dont le siège se trouve à Abuja, au Nigéria représente un marché de 295 millions de consommateurs.

 

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