« Les années 2016 et 2017 reconfirmeraient le profil du modèle national de croissance tiré par la demande intérieure et pénalisé par une demande extérieure structurellement négative« . C’est en ces termes que le haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami a résumé le modèle de croissance du pays, lors de sa conférence de presse du 17 janvier consacrée à l’évolution de l’économie nationale en 2016 et aux perspectives pour 2017. Pour le patron du HCP, même si les prévisions de croissance pour cette année sont meilleures que celles de 2016, il est urgent de repenser la structure du PIB.
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2016, une année à oublier
Comme prévu, le secteur primaire a été impacté par le déficit pluviométrique qui a particulièrement affecté les céréales, les légumineuses. Le secteur a également souffert des effets d’une épidémie saisonnière de grippe aviaire ayant affecté la production avicole au cours de la campagne 2015-2016. Ce secteur « aurait cependant bénéficié de la bonne orientation des productions arboricoles, maraîchères et industrielles et de la résilience du secteur de l’élevage« , affirme Ahmed Lahlimi. Avec un bon comportement de la pêche, le secteur primaire aurait terminé l’année 2016 avec une baisse de 9,8% de sa valeur ajoutée et une contribution de -1,3% au PIB national selon le haut-commissaire au plan.
« In fine, la croissance du PIB serait, compte tenu de l’évolution de 6,6% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, de 1,1% et l’inflation de 1,7%« , souligne le directeur du HCP.
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Retour à une production agricole moyenne
En 2017, le HCP table sur le retour à une production moyenne de la céréaliculture et d’une consolidation de la productivité des autres cultures, de l’élevage et de la pêche maritime. Le secteur primaire créerait une valeur ajoutée en hausse de 9,7%, portant sa contribution à 1,2% au PIB prévisionnel de cette année. « La valeur ajoutée non agricole, de son côté, s’améliorerait à 2,4% sous l’effet d’une hausse à 2,5% du rythme de croissance du secteur secondaire et de la consolidation à 2,4% de celui du secteur tertiaire confirmant la légère reprise amorcée depuis 2015« , note Ahmed Lahlimi lors de la conférence. Résultat, l’économie nationale terminerait l’année 2017 avec une croissance de 3,6% et une inflation en hausse à 2,1%.
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Le dilemme de l’investissement
Malgré un net ralentissement amorcé en 2010, l’investissement serait, selon le haut-commissaire, à l’origine d’une importation croissante de biens d’équipement dont la part dans les importations serait passée de 19% en 2011 à 29% en 2016. « Le seul compartiment industriel des exportations aurait entraîné un volume d’importations en intrants intermédiaires d’un montant global de 25 milliards en 2015, au lieu de 12,7 milliards en 2011« , explique Ahmed Lahlimi.
Dans ces conditions, la pénétration du marché domestique par les importations n’aurait cessé d’augmenter dans notre pays. « Le taux de pénétration des importations se situerait à 34% aujourd’hui atteignant l’un des niveaux les plus élevés relevés dans les pays émergents, notamment parmi ceux qui réalisent un PIB autrement plus élevé que le nôtre« , ajoute le haut-commissaire au plan.
L’effort d’investissement serait maintenu, comme cela a été le cas au cours des années 2013 et 2014, sans compromettre la croissance potentielle future de notre pays. L’étude conduite par le HCP sur le rendement du capital physique a mis en exergue le faible niveau de l’intensité capitalistique au Maroc, comparativement avec plusieurs pays émergents.
« Si aujourd’hui on ne peut que relever le faible rendement de l’investissement, ce serait plutôt dans une meilleure gestion de ses programmes et leur allocation optimale sectorielle et technologique que le pays pourrait puiser les facteurs d’amélioration de la compétitivité du tissu productif national et de la croissance économique« , soulève Lahlimi Alami.
La consommation des ménages, sudoku macroéconomique
Selon le directeur du HCP, la consommation finale des ménages serait aujourd’hui difficilement compressible sans compromettre la nécessaire stabilité sociale. « Rappelons-nous, à cet égard, que toutes les enquêtes sur le ressenti des populations montrent que le sentiment de vulnérabilité, voire de pauvreté, s’accroît avec l’amélioration des conditions de vie« , explique-t-il. Malgré la baisse du rythme de croissance du revenu brut disponible des ménages entre les périodes 2007-2010 et 2011-2015, la consommation finale des ménages a maintenu un taux de croissance de 5% et de 3,7% durant ces périodes respectives. Ceci dénote de l’attachement des populations à préserver leur niveau de consommation et leur recours à l’endettement.
La consommation des ménages a donc vocation à préserver une tendance croissante à la hausse. Quel que soit l’effort que légitimement le pays devrait évoquer pour la limiter en vue d’accroître l’épargne nationale, cet effort devrait s’exprimer dans une volonté collective issue d’un dialogue social institutionnalisé.
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