Donald Trump tacle les constructeurs automobiles américains

Pris à partie par le nouveau locataire de la Maison Blanche, Ford a renoncé à son projet de nouvelle usine mexicaine pour investir dans le Michigan. Donald Trump a aussi General Motors dans le collimateur.

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Crédit: AFP

Les grands constructeurs automobiles américains n’ont pas vraiment la cote auprès de Donald Trump. Mardi, le nouveau président américain a menacé General Motors (GM)de taxer ses voitures fabriquées au Mexique mais vendues aux Etats-Unis et a incité Ford à annuler un investissement prévu dans ce pays.

« General Motors livre des voitures Chevy Cruze, fabriquées au Mexique, à ses concessionnaires aux Etats-Unis sans payer de taxe. Fabriquez aux Etats-Unis ou payez une lourde taxe frontalière », a tweeté le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier.

Le géant de Detroit a immédiatement démenti en partie les accusations de  Trump, expliquant que la Chevrolet Cruze vendue aux Etats-Unis était produite près de la ville de Cleveland dans l’Ohio (nord).

Son rival Ford, qui s’était aussi vu reprocher par le président élu ses investissements prévus au Mexique, a pour sa part annoncé mardi l’annulation de la construction d’une usine à San Luis Potosi pour 1,6 milliard de dollar. La firme utilisera désormais une partie de cette somme pour fabriquer des véhicules autonomes et électriques aux Etats-Unis.

Ford, qui avait pourtant confirmé la construction de cette usine après les premières attaques de Donald Trump, semble donc avoir opté finalement pour une retraite en bon ordre. Son PDG a toutefois démenti toute dimension politique et assuré avoir pris sa décision en toute « indépendance« . « Nous n’avons pas conclu d’accord avec le président« , a ainsi déclaré Mark Fields mardi dans un entretien accordé à CNN.

« Nous avons fait ce qui est bon pour nos affaires, avant toute chose », a-t-il encore assuré le PDG, justifiant ce changement de cap par « un environnement plus positif pour l’industrie manufacturière et l’investissement » aux Etats-Unis.

Son groupe a d’ailleurs assuré maintenir son projet de transfert d’une partie de sa production de petites voitures au Mexique dans une de ses usines déjà existantes.

Inquiétudes pour la filière

Les attaques de Trump contre GM et le volte-face de Ford coïncident avec la nomination mardi de Robert Lighthizer, 69 ans, comme représentant au Commerce extérieur (USTR), le poste qui couvre les négociations commerciales internationales.

Cet ancien de l’ère Reagan s’est, par le passé, déclaré opposé au « dogme » d’un libre-échange « effréné » et a plaidé pour un durcissement vis-à-vis de Pékin pour freiner le « déclin américain », conformément à la ligne politique du président Trump.

Ce dernier a durement critiqué les accords commerciaux négociés par ses prédécesseurs, les accusant d’être responsables de la perte de millions d’emplois industriels aux Etats-Unis. Il a notamment promis de dénoncer l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

C’est ce traité qui permet à General Motors et Ford de fabriquer au Mexique et d’importer aux Etats-Unis hors taxes. L’Aléna prévoit que, si au moins 65% des pièces d’un véhicule sont d’origine nord-américaine (Etats-Unis, Canada et Mexique), celui-ci peut être vendu sur le territoire américain sans aucune taxe d’importation.

Le président élu républicain a fait du « Made in America » un des axes centraux de sa campagne électorale, ce qui a lui permis de gagner dans des Etats industriels du nord-est (Michigan, Wisconsin, Ohio), traditionnellement acquis aux démocrates.

Cette pression sur les grands constructeurs américains intervient à quelques jours de l’ouverture du Salon automobile de Detroit et renforce les interrogations sur l’avenir de la filière sous la présidence Trump.

« Toute augmentation de taxe douanière en Amérique du nord va affecter profondément l’industrie automobile« , prévient Christopher Wilson, économiste au Woodrow Wilson International Center.

Elle « va désorganiser la chaîne logistique » des constructeurs et augmenter le coût de fabrication des véhicules provoquant une perte en compétitivité, renchérit Robert Scott, du think tank Economic Policy Institute.

In fine, le risque est que les voitures coûtent plus cher pour les consommateurs américains, concluent les deux experts.

(Avec AFP)

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