Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté son avis sur l’économie de la culture le 30 juin. Dans le rapport qui accompagne cette décision chargée de recommandations, le Conseil dresse le bilan de chaque secteur culturel. Pour chacun d’eux, il liste les problèmes structurels qui limitent leur développement, voire le menacent (artisanat, chanson). Mais de grands maux reviennent souvent : le manque de financement public et le manque d’intérêt du public. Ce dernier faisant, encore une fois, écho au déficit d’éducation.
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L’édition : pas de public
Le Maroc édite peu de livres : 2013 en 2011 (deux fois moins qu’en Algérie par exemple), chacun d’entre eux publiés en moyenne entre 1 000 et 1 500 exemplaires. Parmi les maux du secteur pointés du doigt par le CESE : le manque de bibliothèques (seulement 624 sur le territoire donc une pour 100 000 habitants, soit un déficit de 4 000 bibliothèques selon l’Unesco) et d’institutions de formation de techniciens et d’animateurs dans le domaine. Mais « le plus grand problème » est que « le public lit très peu et de moins en moins ».
Cinéma : les salles qui ferment
La production cinématographique se porte plutôt bien d’après le CESE (20 films en 2013) et le pays arrive à attirer des producteurs étrangers. Mais, côté consommation, le secteur va mal. Le public cinéphile n’augmente pas. Le nombre de salles ne cesse de diminuer. Le pays en comptait 31 en 2013 contre 65 en 2011, et encore, toutes ne fonctionnent pas. Et les villes nouvelles ne sont pas dotées de centres pouvant abriter des projections. Parmi les principaux problèmes structurels du cinéma d’après le CESE : le recours quasi-total à l’aide de l’État dans la production et le développement du piratage.
Chanson : très peu de renouveau
Malgré la richesse et la diversité musicale marocaine, le CESE relève, depuis les années 1990, « une régression notable en termes de création de musique marocaine moderne ». D’après le conseil, « les nouvelles voix se contentent de rechanter le « répertoire » marocain des années 1960, sauf pour quelques exceptions de chanteurs, ou ceux qui partent pour le Moyen-Orient ». Les exceptions : une nouvelle scène musicale rap, rock, hip-hop et metal depuis le début des années 2000. Pour le CESE, le domaine de la chanson ne souffre pas d’un manque d’intérêt de la part des Marocains mais de financements. Le rapport regrette le manque de budget alloué et d’instituts de formation. Il évoque les conservatoires de musique qui sont loin de répondre aux exigences de qualité. Tout comme pour le cinéma, le CESE s’inquiète de la montée du piratage, qui empêche les artistes de percevoir leurs droits.
Arts plastiques et visuels : réservés à une élite
Dans son rapport, le CESE salue les mesures prises par le ministère pour restaurer les galeries d’art et réorganiser l’école des Beaux-Arts de Tétouan. Les fondations d’entreprises jouent un grand rôle dans la constitution de collections. Mais en dépit de ses efforts, « rares sont les citoyens, les jeunes en premier lieu, qui interagissent avec elles [les initiatives plasticiennes, NDLR] ». Le domaine n’intéresse qu’une petite élite participant aux ventes aux enchères par exemple. « Il semble que le domaine des Beaux-arts n’ait pas réussi à créer un large public, se limitant à une élite très réduite dans ce domaine », écrit le rapport. Et le problème reste toujours le même : manque de coordination entre le ministère de la Culture et celui de l’Education nationale et ainsi, « le manque d’éducation artistique dans notre système d’enseignement ».
Théâtre : absent total de l’école
Les salles de théâtre ne sont pas assez équipées et ne comptent pas une programmation régulière. Le nombre de spectateurs est en recul (sauf pour la troupe du Théâtre national), note le CESE. Et tout comme les arts visuels, cet art n’intéresse qu’une élite minoritaire. Là encore le Conseil accuse le système éducatif qui omet totalement le théâtre de son programme et de ses établissements.
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