La situation financière de la Caisse marocaine de retraite (CMR) va de mal en pis. Après un déficit évalué entre 2,5 et 3 milliards de dirhams en 2015, «il passerait à 5,5 milliards, voire 6 milliards de dirhams en 2016», alerte Mohamed El Alaoui El Abdellaoui, directeur général de la CMR dans un entretien accordé au quotidien l’Economiste dans son édition du 23 mai. Ce déficit du régime des pensions civiles «devrait s’aggraver et atteindre les 23 milliards en 2022, année de l’épuisement total des réserves», prévient -il.
Selon le directeur de la CMR, il faudra donc en 2023, «près de 25 milliards de dirhams en plus des cotisations annuelles salariales et patronales pour pouvoir payer la globalité des prestations.»
En l’absence de réformes du régime des retraites, le fonds de réserve du régime de retraite estimé à 85 milliards de dirhams et «ridiculement faible» ne suffira qu’ «à financer les déficits de six prochaines années» indique El Alaoui El Abdellaoui.
Les retraités et l’épargne nationale affectés
Le statu quo impactera à coup sûr le retraité «du fait qu’il ne recevra dans un premier temps que 40% de sa pension, proportion qui déclinera au fil du temps pour atteindre 27%» explique-t-il. Et d’ajouter que le pensionné touchera «une prestation équivalente à une pension calculée sur la base d’une taux d’annuité de 1% au lieu des 2,5% en vigueur actuellement».
Hormis les retraités , le financement de l’économie nationale s’en retrouvera aussi affecté. Le responsable de la Caisse explique que «2015 constitue la première année de l’histoire de ce régime [de retraite ndlr] où il a contribué négativement à la mobilisation de l’épargne nationale». Le Trésor public pâtira aussi de cette situation à cause «du désengagement progressif d’un de ses principaux bailleurs de fonds».
Bras de fer interminable entre le gouvernement et les syndicats
La raison de ces déboires financiers : les retraités affiliés au régime civil sont beaucoup plus nombreux que les fonctionnaires en activité et vivent plus longtemps. Des données qui bouleversent donc l’équilibre de ce régime de retraite. Mais le défi est de taille, d’autant plus que la population marocaine est vieillissante et donc, l’augmentation du nombre de retraités est plus importante que celle du nombre de travailleurs (cotisants). D’après les projections du Haut commissariat au plan (HCP), le Maroc comptera plus de 10 millions de personnes de plus de 60 ans (actuel âge légal de départ à la retraite, ndlr) en 2050, contre 3,2 millions aujourd’hui, d’après le dernier recensement.
Mais, depuis, le gouvernement a annoncé des mesures pour lancer des réformes du système de retraite de la CMR mais se retrouve confronté au refus des centrales syndicales. Ces dernières ont d’ailleurs annoncé le 19 mai avoir «rejetté en bloc les propositions du gouvernement» et remettent sur la table leur calendrier des manifestations. Pour s’opposer à la réforme des retraites proposée par le gouvernement Benkirane.
Parmi les amendements qu’ils souhaitent apporter au projet de loi sur la réforme des retraites , les syndicats veulent que les salariés cotisent dans les caisses de retraite à un tiers et que l’État supporte le deux tiers. Concernant un âge de départ à la retraite à 62 ans, c’est aux employés de choisir selon les centrales syndicales, dans les secteurs fatigants de la santé et de l’enseignement par exemple, l’âge de la retraite doit être fixé à 60 ans, selon eux.
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