Environ un an après la réalisation du recensement général de la population effectué en 2014, le Haut-commissariat au Plan (HCP) a enfin présenté le 13 octobre ses « premiers résultats » du recensement général qui sont en fait une version plus détaillée, et non définitive, du recensement. Une version qui donne plus de détails sur la structure par âge de la population marocaine, la traditionalisation de la société et met en lumière les inégalités au niveau de l’enseignement.
Le Maroc vieillit
En l’espace de 10 ans, et en raison d’une « baisse de fécondité » selon le HCP, la part des jeunes de moins de 15 ans a diminué d’environ 3 points. Une diminution qui se traduit par une légère augmentation de la part des personnes âgées de plus de 60 ans dans la population marocaine (un peu plus d’un point). Concrètement le Maroc compte désormais 3,2 millions de personnes âgées de plus de 60 ans contre 2,4 millions dix ans plus tôt. Cela signifie que le nombre de seniors marocains a augmenté de 35% entre les deux recensements. Les régions les plus « vieilles » du Maroc sont Béni Mellal-Khénifra (10,6%), l’Oriental (10,3%) et Fès-Meknès (10,2%).
Le Maroc se « re-traditionalise »
Bien que la population marocaine soit en cours de vieillissement, le phénomène pourrait s’inverser si l’on se fie à d’autres statistiques du recensement notamment celui relatif au taux de « nuptialité » (rapport entre le nombre de mariage dans l’année et la population totale). Entre 2004 et 2014, la proportion de célibataires parmi les hommes a été réduite de 4,8 points passant de 45,7% à 40,9%. Un phénomène similaire est constaté chez la population féminine du royaume ou la proportion de célibataires a connu une chute plus significative passant de 34 à 28,9% (-5,1 points).
Cette réduction de la proportion de célibataires dans le royaume s’accompagne d’une augmentation de la proportion des mariés. En effet, la proportion des hommes mariés dans le royaume a augmenté de 4,3 points, passant de 53% à 57,3%, tandis que celle des femmes mariées est passée de 54 à 57,8% entre 2004 et 2014. Pour Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan, ces deux phénomènes ainsi que la chute de l’âge moyen du premier mariage (graphique ci-dessous) chez les femmes pourraient permettre au Maroc d’inverser sa tendance au vieillissement et illustrent une « re-traditionalisation » de la société marocaine. On notera que selon le HCP 123 956 personnes âgées de moins de 18 ans sont mariées. Un phénomène qui concerne surtout les femmes (82,4%) et qui touche le milieu rural (53,6%).
Une éducation généralisée chez les plus jeunes et inégalitaires chez les plus de 25 ans
Le taux de scolarisation des 7-12 ans a connu une augmentation de plus de 14 points, passant de 80 à 94%, en l’espace de 10 ans. Une augmentation qui peut s’expliquer par la progression du taux de scolarisation de cette catégorie d’âge dans le monde rural et chez les filles. Dans le milieu rural, le taux de scolarisation des enfants âgés de 7 à 12 ans a augmenté et passe de 68,9% à 91,4% entre les deux recensements, selon le HCP. Le taux de scolarisation des filles a connu une progression de plus de 15 points passant de 77,5% à 93,9%.
Mais il semble que l’accès à l’éducation dans un niveau plus poussé n’est pas garanti à tous. En effet, au sein de la population de 25 ans du royaume on peut constater de larges disparités comme le montre le graphique ci-dessous.
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