Le repli du crédit bancaire fait depuis quelques mois les choux gras de la presse économique. Son impact nocif sur l’économie est plus qu’indéniable. Il traduit la léthargie des secteurs les plus importants du pays. A fin mars, le ralentissement de la progression du crédit bancaire est ressorti à 1,3% par rapport à mars 2015, selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib.
Dans les détails, les crédits à caractère financier ont accusé un repli de 3,3% tandis que la baisse des facilités de trésorerie est ressortie à 1,2%. Concrètement, les banques prêtent de moins en moins aux entreprises. Et la conjoncture actuelle n’a pas facilité les choses. La difficulté financière affichée par les ténors de l’activité économique du pays, notamment les immobilières tels qu’Addoha et Alliances, ou encore industrielles tels que Samir et Maghreb Steel a eu raison de la confiance des bailleurs de fonds. Ce qui est certain, c’est que les banques ont également une responsabilité dans cette baisse. Même si le gouverneur de BAM aussi bien que les patrons de banques infirment une frilosité vis-à-vis des dossiers de demande de crédit, en avançant le faible taux de rejet de dossiers, le refus d’une demande de prêt pourrait toujours se faire avant même la requête officielle.
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Les baisses du taux directeur n’aident pas
Ce qui choque davantage dans le ralentissement de la progression des crédits, c’est qu’il s’opère après plusieurs baisses successives du taux directeur. Il a baissé de 0,5% en 2014. En mars 2016, il a encore été revu à la baisse pour atteindre 2,25%. La révision du principal taux de Bank Al-Maghrib n’a pas eu d’impact sur le crédit bancaire. Grosso modo, quand les banques ne prêtent plus aux entreprises, cela est synonyme de l’arrêt de l’investissement privé du pays, qui est très loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière en ce qui concerne le développement économique. Le Maroc a encore besoin de tous ses moyens pour entériner son envol économique. Cette nécessité ne se traduit pas, pour l’instant, sur le terrain.
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Même chose pour l’investissement public, le crédit à l’équipement a baissé de 1,3%. L’État a, aussi, lâché pied dans l’investissement. Même le crédit immobilier qui a pendant très longtemps donné un coup de pouce à l’évolution des prêts est en berne. Il n’avance plus que de 0,7%, au lieu de 0,9% une année auparavant. A ce rythme, il ne faut pas s’étonner d’un taux de croissance autour de 1% au terme de cette année. Car il faut dire que la croissance, comme le crédit bancaire, sont des indicateurs qui renseignent sur la santé économique qui dans le cas du Maroc est très mauvaise. Pour l’heure, seul le crédit à la consommation tire son épingle du jeu en affichant une nette progression de 5,6% au lieu de 5,2% enregistré en février.
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Mesure ou mesurette?
Pour comprendre cette situation qui donne du fil à retordre à Bank Al-Maghrib, les banques marocaines seront tenues de communiquer les ratings des dossiers à leurs clients. C’est une décision de Bank Al Maghrib, actée en janvier en coordination avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM). Cela devrait, à priori, renseigner les clients sur les pistes d’amélioration qu’ils doivent envisager afin de changer leur notation par la banque. Ce qui contribuera, en partie, à améliorer la gestion en interne des entreprises. La banque centrale a même décidé de faire l’arbitrage pour les dossiers de financement des clients qui se sentent lésés parce qu’un établissement de crédit n’a pas validé leurs demandes de prêt. Les banques seraient tenues de faire preuve de davantage de vigilance quand il s’agit de refuser un dossier de financement. Jouahri semble dire qu’il est hors de question de maintenir le flou qui règne depuis quelques temps en ce qui concerne la panne du crédit.
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