Pour un pays tel que le Maroc, afficher un taux de croissance de 1% est une véritable catastrophe. Quand la Banque centrale a annoncé, mercredi 22 mars, sa décision de revoir à la baisse sa prévision pour le taux de croissance à 1%, au lieu des 2,1% annoncés précédemment, cela a provoqué l’effet d’un séisme économique. D’autant plus que l’institut d’émission affiche plus de pessimisme que le Haut-commissariat au Plan (HCP) et le Centre marocain de conjoncture (CMC) qui tablent respectivement sur 1,3% et 1,2%.
Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait dont une production céréalière prévisionnelle de 38 millions de quintaux (au lieu de 70 millions de quintaux prévus) et un PIB non agricole qui continuerait à évoluer à un rythme limité de 2,9%. Pour Abdellatif Jouhari, 2016 devrait également être marquée par un attentisme de la part des investisseurs vu que c’est une année électorale. Tous les indicateurs augurent à une année blanche pour l’économie marocaine. Si l’on en croit les économistes et les experts, 2016 serait l’année la plus difficile depuis 1998. C’est pour cette raison d’ailleurs que Bank Al-Maghrib est intervenue sur le seul instrument dont il dispose pour essayer de changer la donne : le taux directeur.
Réduction du taux directeur à 2,25%
La décision de Bank Al-Maghrib de réduire le taux directeur à 2,25% a pris le marché de court. L’institut d’émission a baissé ce taux de 25 points. L’objectif, selon BAM, serait le soutien de l’activité économique qui bat de l’aile depuis ce début d’année. Les banques se financeront désormais à des conditions plus avantageuses.
Il faut noter par ailleurs que la répercussion de la baisse du taux directeur sur les taux bancaires ne sera pas immédiate. Les banques marquent beaucoup de retard avant d’agir sur les taux avec lesquels elles prêtent à leurs clients. Il ne faut donc pas s’attendre à une baisse des taux de crédits bancaires dans les semaines à venir. La baisse du taux directeur est surtout un moyen pour inciter les banques à lâcher du lest pour servir davantage le marché marqué par l’attentisme des investisseurs.
La conjoncture actuelle n’a pas facilité les choses. La difficulté financières affichée par les ténors de l’activité économique du pays, notamment les immobilières tels qu’Addoha et Alliances a eu raison de la confiance de leur bailleurs de fonds. Le ralentissement du rythme de progression des crédits en est la principale preuve. En 2015, les prêts bancaires ont enregistré un ralentissement certain et ce malgré deux baisses successives du taux directeur de 50 points de base en 2014. La baisse du rythme de croissance des prêts donne du fil à retordre au gouverneur de la Banque centrale.Parmi les raisons que celui-ci a avancé, figure le revirement vers l’informel.
Les banques frileuses
Ce qui est certain, c’est que les banques ont également une responsabilité dans cette baisse. Même si aussi bien le gouverneur que les patrons de banques infirment une frilosité vis-à-vis des dossiers de crédits en avançant le faible taux de rejet de dossiers, le refus d’une demande de prêt pourrait toujours se faire avant même la requête officielle. Mais désormais, suite à une décision de la Banque centrale. Les banques marocaines seront tenues de communiquer les ratings des dossiers à leurs clients. Cela devrait, à priori, renseigner les clients sur les pistes d’amélioration qu’ils doivent envisager afin de changer leur notation par la banque. Ce qui contribuera en partie, à améliorer la gestion en interne des entreprises. La Banque centrale a même décidé de faire l’arbitrage pour les dossiers de financement des clients qui se sentent lésés parce qu’un établissement de crédit n’a pas validé la demande de prêt. Les banques seraient donc, obligées, dorénavant à faire preuve de beaucoup de vigilance quand il s’agit de refuser un dossier de financement. Il est hors de question de maintenir le flou qui règne depuis quelques temps en ce qui concerne la panne du crédit.
Vers un système de change flexible … très prochainementLa Banque centrale vient d’opérer des changements substantiels dans ces méthodes analytiques et prévisionnelles. Ces changement ont été actés dans l’objectif de préparer l’institut d’émission à une transition vers un système de change flexible. Une réforme qui doit se faire incessamment. Le Maroc est d’ailleurs attendu au tournant pour l’activation de cette importante mesure notamment par le Fonds Monétaire International qui ne cesse de rappeler la nécessité pour l’économie marocaine de passer un autre palier de développement économique.[/encadre] |
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