Mes bons amis, cette histoire de blocage des appels VoIP est en train de prendre une tournure bizarre. Petit rappel à tout hasard. Il y a quelques semaines, le respectable organisme de régulation de nos télécoms décidait d’empêcher les Marocains d’utiliser les applications Skype et compagnie sous prétexte qu’elles n’avaient aucune licence pour opérer chez nous. Avec une honnêteté qui les honore, ils avaient également précisé que ce genre d’application constituait un manque à gagner pour les opérateurs. Tout cela, vous le savez. Zakaria Boualem avait particulièrement apprécié cette histoire de licence, et aussi le côté vintage un peu touchant de cette attitude, cette volonté de contrôler l’incontrôlable, de lutter contre le cours de l’histoire.
Il a eu encore plus de plaisir à apprendre que l’organisme en question organisait sans complexe des conférences en utilisant Skype et en l’annonçant fièrement dans le programme. C’est objectivement très drôle. Cette candeur dans l’incohérence, c’est quelque chose de formidable. La nouveauté, c’est que les Marocains ont grogné avec vigueur. Il est étonnant de constater qu’ils acceptent la destruction de leur école par exemple, mais qu’ils s’insurgent lorsqu’on touche à leur véritable passion: parler au téléphone. Il est possible que si on interdit WhatsApp, le Maroc basculera aussitôt dans le chaos total, les gens prendront le maquis. Zakaria Boualem suit cette affaire avec le plus grand intérêt, il y a une certaine classe à voir un pays protester contre la suppression d’un service technologique haut de gamme au lieu des classiques problèmes de pain ou de sécurité sociale, on se sent comme un peuple du futur.
Restons sur une note positive avec cette bonne nouvelle, les amis: « Le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur belge a fait part de son admiration pour la technologie «bien avancée» utilisée dans la production de la carte d’identité électronique ». Outre qu’elle flatte notre égo collectif, cette information, dont on ne saurait douter de la fiabilité, vient elle aussi nous positionner comme un peuple du futur. Zakaria Boualem a été un peu surpris, parce qu’il ne pensait pas qu’on avait inventé quelque chose dans cette affaire de carte nationale. Il n’imaginait pas vraiment que cette technologie soit née dans nos labos. Il se trompait, donc, le bougre, puisque les Belges le disent.
Toujours dans la série des bonnes nouvelles, notez également que le Maroc « s’apprête à s’engager dans le thermonucléaire ». C’est l’Agence internationale de l’énergie atomique qui le dit avec une certitude confondante. Nous sommes prêts pour nous attaquer à la construction de centrales nucléaires. C’est tout simplement terrifiant. On nous annonce ça pour 2030, soit à peu près en même temps que la réforme de l’enseignement. Soyons honnêtes, c’est une perspective terrifiante. Notre pays n’est pas fait pour le nucléaire, Zakaria Boualem est formel. On parle d’un pays qui voit les immeubles tomber chaque année à cause de la pluie, un pays où un policier à l’aéroport contrôle le tampon apposé par un policier placé quelques mètres avant lui, un pays où l’on continue de nous demander le prénom de nos ancêtres pour rédiger un simple PV, un pays qui a le plus grand mal à ramasser correctement ses propres ordures, qui hésite à choisir ses langues d’enseignement, etc. Il faut être clair avec nous-mêmes et admettre que nous n’en sommes pas au nucléaire. Une catastrophe risque de s’abattre sur nos têtes si nous nous lançons dans cette entreprise folle. Zakaria Boualem en était à ce point de sa réflexion laborieuse et négative lorsqu’une nouvelle information, du même acabit, est venue lui retourner le cerveau. Il faut sauter une ligne.
Le Maroc – vient-on de lui annoncer- va demander l’organisation de la Coupe du Monde 2026 et il risque bien de l’obtenir puisqu’elle est promise à l’Afrique. Si on enlève les pays enfoncés dans une guerre civile et les autres, menacés par Ebola, il reste peu de monde, nous avons donc toutes nos chances. Un Coupe du Monde avec, tenez-vous bien, 40 équipes. Ya salam! Un peu sonné, Zakaria Boualem vous remercie et vous donne rendez-vous à la semaine prochaine.