Quatre femmes kamikazes se sont fait exploser samedi dans les environs de Fotokol, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, en proie aux exactions des islamistes nigérians de Boko Haram, tuant cinq civils, dont un chef traditionnel, a-t-on appris de source officielle. Une première femme kamikaze a actionné sa charge explosive dans la maison du chef traditionnel de Leymarie, petit village camerounais situé en périphérie de Fotokol, tout près de la frontière avec le Nigeria, tuant sur le coup avec quatre membres de sa famille, a annoncé à l’AFP le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari.
Dans les minutes qui ont suivi, trois autres femmes kamikazes ont déclenché leurs explosifs à proximité, sans toutefois faire de victimes, a-t-il ajouté. D’après une source sécuritaire camerounaise jointe à Fotokol, les quatre kamikazes étaient « des jeunes filles âgées d’une quinzaine d’années ». « La première kamikaze s’est fait exploser chez le chef. Les trois autres progressaient vers l’intérieur de la ville de Fotokol lorsqu’elles ont été repérées par des membres du comité de vigilance », groupe d’autodéfense composé d’habitants de la ville, a expliqué cette source. Les trois jeunes femmes se sont alors « fait exploser à leur tour, mais aucun civil n’a été tué », a confirmé cette source, qui fait état de 10 blessés lors de la première explosion.
Changement de stratégie de Boko Haram
Le gouverneur assure de son côté que « l’armée s’est déployée très vite dans la zone ». « Dès la première explosion, nos militaires (stationnés à Fotokol) ont tiré en l’air. Cela a dû décourager les trois autres kamikazes », estime-t-il.
D’après M. Bakari, « c’est la première fois qu’une kamikaze se fait exploser dans une chefferie. Nous pensons qu’ils (Boko Haram) sont en train de changer de stratégie parce que nous avons pris des mesures drastiques pour sécuriser les lieux de forte affluence qui étaient ciblés par les kamikazes (écoles, marchés, mosquées et buvettes) ». « Nous allons devoir changer de stratégie face à cette nouvelle méthode » qui cible des lieux privés, a-t-il affirmé, précisant que certains comités de vigilance venaient d’être équipés de détecteurs de métaux et fournissaient un « appui considérable » notamment en matière de renseignement.
Fotokol est régulièrement la cible d’attaques transfrontalières de Boko Haram. Ainsi, le 9 novembre, trois civils avaient été tués au cours de l’attentat-suicide mené par deux femmes kamikazes près d’une mosquée à Fotokol. Au total, plus de 100 personnes ont péri dans une vingtaine d’attentats attribués aux islamistes nigérians depuis le mois de juillet.
L’attaque de ce 22 novembre n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, mais les soupçons se tournent vers le groupe islamiste Boko Haram, qui a régulièrement recours à des jeunes filles pour mener ses attentats-suicides.
Attentats suicides réguliers
De même au Nigeria, quinze personnes ont encore été tuées et plus de 50 blessées mercredi dans un double attentat à la bombe sur un marché de Kano, la métropole du nord, perpétré par deux jeunes filles kamikazes, dont l’une serait âgée d’une dizaine d’années, selon la police.
Si elle a contenu l’expansion territoriale de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, la coalition régionale militaire regroupant les pays riverains du lac Tchad (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) ainsi que le Bénin n’arrive pas à réduire significativement les activités des islamistes nigérians. Ceux-ci poursuivent régulièrement leurs attaques, notamment les attentats-suicides dont sont essentiellement victimes les civils, musulmans comme chrétiens. L’insurrection de Boko Haram et sa répression ont fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009 au Nigeria.
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