Dans son édition du 27 septembre, l’hebdomadaire français le Journal du Dimanche écrit : « Après s’être arrêté au Maroc, puis au Portugal ou en Espagne, l’élégant échassier reste maintenant en France où, ces dernières années, plus d’un millier d’individus ont hiverné ». A y croire, les cigognes blanches tendent donc à disparaître du Maroc. Alarmiste ? Un peu, à en croire Brahim Bakass, Président du Groupe d’ornithologie du Maroc (Gomac). Lui préfère parler d’ « une petite tendance à la sédentarisation », nous rappelant que 30 000 couples de cigognes traversent quand même Gibraltar chaque année. « Certaines restent au Portugal ou en Alsace où il fait de moins en moins froid, mais ce n’est pas significatif par rapport au nombre de cigognes qui continuent de partir », estime-t-il.
Ces oiseaux de passage sont des cigognes adultes, qui quittent l’Europe aux mois de septembre et octobre pour passer l’hiver en Afrique de l’Ouest, Mauritanie et Sénégal principalement, qu’elles quittent à partir de mars. D’autres, plus nombreuses, passent par le détroit du Bosphore pour aller au Moyen-Orient. C’est qu’elles utilisent les courants chauds pour les soutenir sur de longues distances. Or, ils ne se forment qu’au-dessus des terres, donc ces oiseaux franchissent la mer là où elle est la plus étroite.
« On les reconnaît à leur vol plané. Leur migration n’est pas vraiment liée à un problème de température, mais plutôt à un problème de nourriture. Au Maroc, elles se nourrissent souvent dans les décharges, où elles trouvent des rongeurs », nous explique ce passionné d’ornithologie. On les trouve partout où il y a de la nourriture par exemple à Larache, où elles se reposent quelques jours en profitant des sardines.
Aussi, certaines restent hiverner au Maroc et ne descendent pas plus au Sud. L’an dernier, environ 2 000 ont ainsi été comptabilisées rien que dans la périphérie proche de Marrakech. Les plus jeunes restent en Afrique jusqu’à leurs trois ans environ, âge durant lequel leurs hormones les poussent à se reproduire, en Europe. Par ailleurs, les plus âgées préfèrent hiverner en Europe parce que la migration « est une épreuve difficile », la traversée du Sahara notamment.
Des cigognes 100 % Marocaines
Aussi, à ces cigognes blanches européennes s’ajoutent les cigognes blanches marocaines. Elles sont observables dans la région de Marrakech ou vers Kénitra. « Si vous voyez une cigogne entre fin mai et fin août, c’est forcément une 100 % Marocaine », nous raconte Brahim Bakass.
La disparition d’autres espèces inquiète davantage cet ornithologue : l’ibis chauve (dont la dernière colonie à l’état sauvage se trouve au Maroc dans la région d’Agadir), dont il ne reste que 600 couples dans le monde, qui souffre de l’impact humain, l’outarde houbara, espèce de dinde africaine victime de la chasse, le turnix d’Andalousie, présent seulement dans la région d’El Jadida, mais menacé par l’activité agricole ou de manière générale les rapaces, comme le gypaète barbu, un énorme vautour dont on recense seulement une dizaine de couples au Maroc aujourd’hui. Le réchauffement climatique et l’activité humaine polluent et détériorent leur habitat naturel.
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