La photo du corps inanimé de Aylan Kurdi, bébé Syrien âgé de 3 ans, échoué sur un rivage de Méditerranée, a émut le monde. Ce petit martyr est mort parce que sa famille voulait vivre ! Cet énième drame que vivent les Syriens nous fait prendre conscience de l’absurdité du monde. Il est temps de réagir concrètement !
Ici et ailleurs, un véritable sursaut citoyen prend forme. La prise de conscience semble radicale devant le drame que vivent les Syriens fuyant la violence et les conditions de vie terribles qu’impose l’exil. Mais nos États ne doivent pas se montrer en retard sur leurs citoyens : ils ont le devoir de pérenniser et de rendre concrète l’exigence de solidarité.
Incapables de trouver une issue et de mettre un terme à la violence qui frappe la Syrie, la communauté internationale doit assumer un rôle : celui de coordonner les actions étatiques pour un accueil des réfugiés. Notre pays doit être aux avant-postes de ce combat. La société civile marocaine, elle, se doit de réagir en aidant à sa hauteur à l’insertion des réfugiés syriens, leur cause étant maintenant largement soutenue dans notre pays. Le gouvernement marocain ne peut rester muet face à des atermoiements de pays qui voient mourir, à leurs portes, des fils du peuple syrien, un peuple frère.
Au Maroc, où 5000 réfugiés résident tout au plus, la parole publique n’a pas toujours été tendre envers ces réfugiés et des soupçons à moitié avoués – sur fond d’un conflit qui prend une tournure confessionnelle et l’augmentation du risque terroriste. Notre conscience ne peut plus souffrir de relativiser le drame humain et l’impératif sécuritaire ne saurait s’opposer à la nécessité de se montrer accueillants et solidaires. Nous appelons le gouvernement marocain, les autorités compétentes, en partenariat avec le Haut-Commissariat aux réfugiés (UNHCR) à garantir aux réfugiés syriens, l’accès à un toit, et une situation digne, notamment par des formes d’insertion professionnelle et la possibilité d’une résidence légale. D’autre part, nous appelons aussi à ce que soit rendu possible l’accueil de nouveaux réfugiés, dans le cadre d’une action coordonnée avec les autres états voisins. Pour ne plus jamais regarder le cadavre d’un bébé en se demandant si nous avons fait notre possible pour l’éviter, signons l’appel et engageons-nous !
Plus: Pétition de solidarité avec les réfugiés syriens
Par Mehdi Alioua, président du GADEM (Groupement antiraciste de défense et d’accompagnement de migrants) et Jules Cretois, rédacteur-en-chef adjoint du magazine TelQuel.