« Vous voulez quoi?« , demande l’avocat marocain, qui assure l’intermédiaire entre le journaliste Eric Laurent et le palais.
« Je veux trois, répond Eric Laurent.
– Trois quoi, trois mille? demande l’avocat.
– Non, trois millions.
– Trois millions de dirhams ?
– Non, trois millions d’euros. »
Cet échange révélé par le Journal du dimanche (JDD), a lieu le 11 août au bar du Royal Monceau à Paris. L’enregistrement est fait sur l’Iphone de l’avocat. Catherine Graciet est absente. Suite à cette première rencontre, une plainte est déposée le 20 août auprès du procureur de Paris pour « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs« . Le lendemain, deuxième rendez-vous, toujours au même endroit. La police française est de la partie cette fois-ci. » Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent déstabiliser le régime de Sa Majesté (…) et vous dites que vous et madame Graciet, êtes disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage ? » demande l’avocat. « Définitivement, exactement » , répond le journaliste. Sur les révélations contenues dans le livre de Laurent et Graciet, le JDD évoque les relations de François Hollande avec l’Etat marocain, l’affaire HSBC… et un rapport des services secrets français sur les venues de Mohammed VI en France. « Rien d’explosif » , rapporte le journal.
Catherine Graciet méfiante mais partante
L’implication de Catherine Graciet, absente aussi à ce deuxième rendez-vous, est au coeur de l’échange. L’avocat marocain réclame des garanties de Graciet, Laurent lui assure qu’il en aura. Elle aurait d’après le journaliste, une passion pour l’équitation et si l’accord est conclu avec le palais, elle compte s’y consacrer et écrire une biographie historique. « On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques » , affirme Eric Laurent. Avant de quitter l’avocat, le journaliste français dit « qu’il peut tout aussi bien faire Le roi prédateur ou Une affaire de famille tous les deux ou trois ans » .
Le jeudi 27 août, Catherine Graciet, Eric Laurent et l’avocat marocain ont rendez-vous dans la chambre d’hôtel de l’émissaire marocain. La police française veille. Catherine Graciet méfiante, refuse et propose un autre lieu: l’hôtel Raphael. Elle demande à l’avocat de ranger son Iphone posé sur la table. L’enregistrement se fait depuis la poche de ce dernier. Les journalistes négocient le montant de leur silence : l’avocat propose 1,5 millions d’euros, ils se mettent d’accord sur 2. Ils parlent également de ce qu’ils doivent rembourser à leur éditeur. Selon le journal français, les deux journalistes ont envisagé la création d’un trust à l’étranger pour toucher les fonds. Eric Laurent et Catherine Graciet signent un engagement, empochent 80 000 euros en coupures de 100 et sortent de l’établissement parisien. La police les attendait à la sortie.
Laurent et Graciet sont tombés, victimes de leurs appétits vénaux. Mais avec eux sont ainsi désignés du doigt tous ceux qui leur ont servi de caisse de résonance …….