Des fournisseurs d’Alliances acceptent de renoncer à une partie de leurs créances

Dette du Pôle construction, contentieux en justice et accords avec les créanciers : la dernière note d’information d’Alliances nous en dit beaucoup sur la situation du groupe.

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Alami Lazrak, PDG d'Alliances. Crédit : Yassine Toumi.

Le Conseil déontologique des valeurs mobilières a publié le 17 août la note d’information visant un emprunt obligataire d’Alliances d’un montant d’un milliard de dirhams. La souscription se déroulera entre le 24 et le 26 août, il s’agit d’une offre de rachat des ORA (obligations remboursables en action) de 2012 par l’entreprise. Le document est une vraie manne d’informations quant à la situation du groupe, miné par des problèmes de trésorerie et ses quatre filiales du Pôle construction : EMT et EMT Levage acquises en 2009 et EMT Bâtiment et EMT Routes créées en 2010 et 2011.

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Dans les détails, l’on se rend compte que la baisse du chiffre d’affaires (CA) du groupe n’est pas seulement dûe au Pôle construction. Le chiffre d’affaires a chuté de plus de 31 % entre 2013 et 2014. Bien sûr, cet indicateur peut beaucoup varier d’une année à l’autre, en fonction de l’achèvement ou non des nouveaux projets notamment. Mais la branche sociétés de service a tout de même enregistré un CA en baisse de 91 % et celle resorts golfiques, résidentiel et tertiaire un CA de – 71 %. Pour ce qui est du pôle construction, Alliances explique la chute par les problèmes de trésorerie, en concédant que cela a conduit à l’arrêt, la sous-traitance, voire même la résiliation de certains projets.

Ces derniers mois, Abderrahim Lahjouji était en charge de la conciliation entre le groupe et ses partenaires. Le but : trouver un accord a l’amiable avec les créanciers. Sa mission a pris fin le 13 août dernier. La note d’information précise qu’un accord a été trouvé entre la société et le personnel d’EMT, EMT Travaux et EMT Bâtiments (paiement des arriérés de salaire, droit de priorité des salariés licenciés en cas de reprise de l’activité, paiement des indemnités de licenciement…) mais que les négociations avec EMT Levage sont toujours en cours.

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40 % des créances abandonnés

Un compromis a aussi été trouvé avec l’assureur du groupe, qui renonce à entre 40 % et 50 % de sa créance selon les filiales. Le conciliateur a proposé à la majorité des fournisseurs d’EMT et EMT levage de renoncer à 40 % de leurs créances, les sociétés s’engageant à rembourser le dernier reliquat avant le 31 mars 2016. Le document stipule que « la quasi-totalité des fournisseurs qui ont répondu à cette proposition ont formulé leur accord ». Il est aussi précisé que EMT Bâtiment a conclu des accords avec des fournisseurs permettant de procéder à la résiliation des marchés avec l’OCP. Il s’agit peut être, entre autres, de la construction de bâtiments industriels au niveau de la mine de Hallassa, près de Khouribga. Les propositions doivent maintenant être homologuées par le Tribunal de commerce de Casablanca.

La note d’information se veut beaucoup moins précise lorsqu’il s’agit d’évoquer les négociations avec les banques. « La plupart des banques ont accepté le principe d’abandon partiel de leur créance » annonce le document mais les modalités de remboursement du reste seraient toujours en cours de discussion. Quatre établissements bancaires auraient accepté un accord.

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Il est bon de remarquer que la note d’information évoque une ordonnance du président du Tribunal de Casablanca datant du 8 mai 2015 qui suspend et interdit toute action en justice de la part de tous les créanciers dont les créances sont antérieures à cette décision. Les créanciers n’ont donc pas vraiment eu le choix.

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Mais le document liste quand même l’ensemble des litiges auxquels l’entreprise doit faire face. En vrac : plus de 31 millions de dirhams avec le CIH, 1,5 million d’impayés avec Total Maroc, 6,5 millions de dirhams avec Drapor, 19 millions de dirhams avec Holcim Maroc ou encore près de 2 millions de dirhams avec Ciments du Maroc. Au total : 306 millions d’impayés.

Une augmentation de capital prévue

Alliances se veut bien sûr prudente et annonce ainsi ne pas avoir « de visibilité sur l’issue de ces procédures » et ne pas « être en mesure de se prononcer sur le devoir des sociétés du pôle construction ». Ainsi, l’entreprise « se prête au jeu » de l’exposition maximale, c’est-à-dire à imaginer la situation dans laquelle elle serait si elle n’arriverait à rien négocier avec ses créanciers, une sorte de scénario catastrophe. Ainsi, le groupe serait exposé à perdre 1,4 milliard de dirhams. Comme certaines pertes sont déjà provisionnées, l’impact compte de résultat serait au final de 261 millions de dirhams.

Alliances profite de la note d’information pour enfin  communiquer sur son plan de restructuration. Parmi les mesures, hormis ces fameux accords : la cession d’actifs tels que le projet Lixus, la vente de parcelles, ou même une augmentation de capital « envisagée dans un délai de 12 mois ». Sinon, Alliances a décidément décidé de tout miser sur l’Afrique. Le développement des activités subsahariennes apparaissent même comme le seul nouveau levier de croissance. Alliances évoque son activité au Sénégal, au Cameroun, au Congo Brazaville et en Côte d’Ivoire.

Autre point intéressant : dans la classique partie réservée aux risques, Alliances évoque le risque de manque de sous-traitants. D’après l’entreprise, la venue de nouveaux investisseurs rendrait les sous-traitants de qualité plus rares et donc plus chers.

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