La poursuite en justice de deux jeunes filles à qui on reproche seulement d’avoir porté une robe suscite des réactions. Une pétition lancée sur internet le 22 juin a déjà recueilli plus de 19 600 signatures. Les 27 et 28 juin, des manifestants clamant « mettre une robe n’est pas un crime » ont défilé à Rabat et Casablanca. Plusieurs politiques ont critiqué publiquement ces poursuites judiciaires, telle l’élue PPS Nouzha Skalli. Qu’en est-il des membres et parlementaires PJD, parti conservateur dont le ministre de la Justice est issu ?
A l’image de la société, le parti semble aussi divisé sur la question. Le député PJD Yassine Ahjam se dit pour sa part « choqué » par cette histoire. S’il ne fait pas de commentaire sur la décision du parquet, il voit dans cet incident une tendance plus générale et inquiétante : « La société est devenue agressive. Je ne comprends pas ce qu’il se passe en ce moment avec tous ces sujets de société (Much loved, Mawazine…) ». Mais l’élu s’interroge sur l’existence d’un complot : « J’ai peur que ces attitudes soient téléguidées », explique-t-il à Telquel.ma. L’élu et membre du secrétariat national du PJD Abdelali Hamieddine nous avoue ne pas comprendre pourquoi la justice intervient dans une telle histoire alors qu’il y a « tant d’autres problèmes à traiter ». En revanche, pour lui, la mobilisation est exagérée et disproportionnée.
Circulez y a rien à voir
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose : une position partagée par d’autres membres du parti mais qui pour leur part ne semblent pas choqués par ces poursuites judiciaires. « Cette affaire d’Inezgane est une chose normale à laquelle il ne faut pas donner d’importance, ce n’est qu’un cas isolé. Si on commence à insister sur des sujets comme celui-ci, on se dirige vers un affrontement entre conservateurs et progressistes », nous confie par exemple la députée Nezha El Ouafi. Position qui se rapproche quelque peu de celle d’Amina Maelainine, autre députée PJD. Dans une publication sur son compte Facebook, la députée évoque la participation de l’un de ses collègues à la flottille de la liberté qui vient en aide aux Palestiniens et regrette qu’il n’y ait pas une mobilisation aussi importante pour le peuple palestinien que celle pour défendre les deux jeunes filles : « Vous hissez le drapeau palestinien, les autres hissent des jupes », écrit-elle.
Récupération politique à la veille des élections ou simple prise de position, plusieurs ministres issus d’autres formations politiques ont dénoncé ces poursuites. Le ministre de l’Habitat PPS Nabil Benabdellah a jugé ces poursuites d’ « inacceptables » et « honteuses ». Aux Affaires étrangères, le RNI Salahedine Mezouar se dit « préoccupé ». Dans un communiqué, il critique notamment la position des forces de l’ordre et du parquet général. Désapprobation exprimée aussi par le Mouvement populaire. Le parti membre de la coalition gouvernementale explique dans un communiqué « qu’il aurait été plus judicieux d’engager des poursuites à l’encontre de ceux qui se sont rendus coupables d’agressions caractérisées à l’encontre de ces deux jeunes femmes ». Le parti en profite même pour revenir sur les pancartes « No Bikini » installées sur une plage proche d’Agadir. Pour lui, il s’agit de « déviations ».
Regarder notre vidéo : Le souk d’Inezgane, théâtre de la défense des libertés individuelles
je voudrais dire à cette Mme Amina Maelainine que les progressistes ont defendu avant sa naissance et defendent toujours les libertés pas seulement du peuple palestinien que certains utilisent à des fins politiciennes mais toutes les libertés qui garantissent la dignité de chaque citoyen