Alors que le Conseil supérieur de l’éducation a adressé au roi son rapport sur l’enseignement, la coalition nationale pour la langue arabe s’apprête elle aussi à envoyer, au début du mois de juin, une lettre au souverain ainsi qu’au chef du gouvernement pour défendre la langue arabe et son caractère officiel. Pour adresser cette lettre, la Coalition a publié un appel qui compte 400 signataires issus de différents métiers et de différents mouvements politiques : écrivains, réalisateurs, hommes politiques ou encore militants associatifs. Parmi les hommes politiques figurant dans cette liste, le PJDiste et ex-ministre des Affaires étrangères Saâdeddine El Othmani, l’ex-ministre Abdelkrim Ghallab, l’ancien secrétaire général du parti de l’Istiqlal M’hamed Boucetta.
La langue arabe menacée ?
« Nous allons adresser cette lettre aux hautes autorités du royaume car nous considérons que plusieurs personnes souhaitent geler la langue arabe », nous explique Fouad Bouali, président de la coalition. Celui-ci trouve que « le lobby francophone est derrière cette campagne qui menace l’officialisation de la langue arabe dans l’enseignement et dans les administrations et entreprises ».
Ce que souhaite cette coalition, c’est que la langue arabe soit la seule langue officielle, tandis que d’autres langues seraient enseignées ou pratiquées dans le milieu du travail, mais de manière secondaire. « Dans plusieurs pays du monde, la langue nationale est celle de l’enseignement. Nous sommes ouverts pour qu’il y ait d’autres langues intégrées dans l’enseignement, mais la langue arabe doit être la seule qui soit officielle et d’enseignement depuis le primaire jusqu’à l’université », a estimé Bouali. Et d’ajouter que « la langue française est une langue de mémoire et de colonisation qui ne doit plus bénéficier du poids qu’elle a aujourd’hui ».
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« Le français est plus officiel que l’arabe dans la pratique »
Pour sa part, le secrétaire général du parti de l’avant-garde démocratique socialiste (PADS), Abderrahmane Benameur, qui a également signé l’appel de la Coalition, estime que la langue arabe, et non la darija, doit être utilisée de manière courante dans les différents champs publics et privés. « Il est inconcevable que, dans les entreprises et dans les universités, le français soit supérieur à l’arabe. Comme toute nation qui se respecte, la langue nationale doit avoir toute sa place », nous confie-t-il. Et d’expliquer qu’en « théorie, l’arabe est la langue officielle mais dans la pratique, c’est le français qui est officiel ». Abderrahmane Benameur considère même que l’Etat fait tout pour mettre la langue arabe au second rang.
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Il ont tout a fait raison et bon nombre de marocains s’alarment de la place de plus en plus prédominante qu’occupe le français dans les administrations et le secteur privé. C’est une question d’identité nationale. Pour le berbère cependant je comprends que ça soit une langue officielle, mais le français doit être remis à sa place qui est celle d’une langue culturelle sans plus.