Espagne-Maroc: les poursuites pour génocide sans effet diplomatique

La relation entre le Maroc et l'Espagne ne semble pas être affectée par les accusations visant 11 Marocains pour génocide sur des Sahraouis.

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José Manuel García-Margallo et Salaheddine Mezouar. Credit: AFP
José Manuel García-Margallo et Salaheddine Mezouar. Credit: AFP

Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel García-Margallo, a rencontré lundi 13 avril, en marge d’une rencontre consacrée à la politique européenne de voisinage (PEV), son homologue marocain, Salaheddine Mezouar, selon le site web du quotidien El Pais. Une rencontre durant laquelle les chefs de la diplomatie des deux pays ont discuté de la récente actualité maroco-espagnole. Les deux ministres ont notamment évoqué les poursuites entamées contre 11 fonctionnaires marocains pour « génocide contre la population sahraouie » entre 1975 et 1991.

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Différence de réaction

En février 2014, la compétence universelle de la justice française, et la convocation du patron de la DGSN Abdellatif Hammouchi à Paris pour torture qui en a découlé, avaient causé un an de tensions entre la France et le Maroc.

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Cette fois-ci, la justice espagnole a lancé sept mandats d’arrêt et quatre commissions rogatoires, notamment à l’encontre de Hafid Benhachem, gouverneur de la province de Smara entre 1976 et 1978 puis chef de la DGSN entre 1997 et 2003 et finalement directeur général de l’administration pénitentiaire jusqu’en 2014. Pourtant, les poursuites de la justice espagnole pour génocide ne semblent pas altérer les relations entre les deux voisins.

Interrogé au sujet de cette affaire de justice, le chef de la diplomatie espagnole a livré un message plutôt hésitant :

Les deux gouvernements se soumettront aux décisions de la justice en vertu des lois nationales et internationales.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères marocain a déclaré que « le Maroc se défendra en toute légalité. Ceux qui essayent de créer des problèmes entre nos pays perdent leur temps ».

La rupture des relations entre les deux pays semble donc évitée d’autant que le chef de la diplomatie marocaine a rappelé à Barcelone que l’Espagne était un « partenaire stratégique » du royaume. Même le dossier du Sahara, pourtant source de différends entre les deux parties, ne paraît pas créer de tensions dans cette relation. Salaheddine Mezouar a ainsi défendu la proposition d’autonomie marocaine tandis que le chef de la diplomatie espagnole a préféré ne pas communiquer à ce sujet. Actuellement, l’Espagne est l’un des membres non-permanents siégeant au Conseil de sécurité.

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Enfin, les deux ministres ont également mentionné le cas des deux spéléologues qui ont péri dans les montagnes marocaines au début du mois d’avril. Le ministre espagnol a ainsi déclaré, en réponse aux critiques adressées aux services d’urgences marocains, qu’ « on (les gouvernements espagnols et marocains, ndlr) attendra les résultats de l’enquête pour définir les responsabilités ».

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