La collaboration antiterroriste entre le Maroc et l’Espagne atteint des sommets. Dans un article paru sur le site du journal espagnol El Pais le 4 janvier, on apprend que des agents de la Direction générale de la surveillance du territoire basés en Espagne ont participé à la dernière action commune des deux services de renseignement. Celle-ci a eu lieu le 16 décembre et a permis l’arrestation, simultanée, de six jihadistes résidant à Melilia, Castillo et Barcelone. La coopération entre les deux pays ne se limite pas à des opérations communes et, d’après El Pais, ravit les responsables espagnols.
« C’était impensable il y a deux ans »
L’action des agents des services de renseignement marocains basés en Espagne, qui ne sont pas armés mais spécialisés dans le recueil de renseignements, a ainsi permis de mettre fin aux projets de ces six personnes qui tentaient d’endoctriner des jeunes à travers l’application de messagerie WhatsApp.
Cette collaboration entre les deux pays étonne même les agents des forces de l’ordre espagnoles : « C’était impensable il y a deux ans. C’est une preuve de confiance et le résultat est efficace ». A noter que c’est la première fois que des responsables espagnols reconnaissent que des agents de services secrets marocains sont actifs sur le territoire espagnol, selon El Pais.
Des agents espagnols au Maroc
La coopération ne s’arrête pas là, puisque le quotidien espagnol affirme également que des membres des services de renseignement espagnols sont sur le territoire marocain. Ainsi, un policier espagnol a participé à une opération marocaine qui tentait de débusquer une cellule ayant des liens avec l’Espagne. « La collaboration est totale. Notre relation est à des niveaux jamais atteints. Ils (les responsables marocains, ndlr) sont aussi intéressés que nous. Nous savons clairement que nous sommes tous les deux menacés et nous devons travailler ensemble », s’enthousiasme un responsable de la police espagnole.
L’essentiel des actions communes portent sur des villes situées aux frontières entre les deux pays. Ainsi, selon Javier Zaragoza, un responsable au sein de la Cour suprême espagnole, l’action des deux pays est « focalisée sur Ceuta et Melilia et à proximité de villes marocaines qui sont devenues de véritables pépinières de recrutement pour les organisations terroristes et surtout pour l’État islamique ».
Coopération judiciaire renforcée
La collaboration entre les deux pays dans le domaine de la lutte antiterroriste devrait se traduire par une coopération juridique renforcée. Ainsi lors d’une « récente » réunion à Rabat, la mise en place d’un mécanisme permettant aux juridictions des deux pays de se transférer des preuves nécessaires dans le cadre de l’élucidation d’une affaire a été décidée. Ce mécanisme a notamment permis l’arrestation de Mohamed Saïd Mohamed lors de l’opération Firewell à Sebta. Selon Javier Zaragoza, les deux pays comptent reformer des accords bilatéraux « obsolètes » dans le but d’améliorer la lutte contre le jihadisme. « Nous voulons inclure de nouveaux outils et de nouvelles techniques d’enquêtes comme la formation d’équipes communes ou l’utilisation d’agents infiltrés permettant l’accélération de l’échanges d’informations », affirme Zaragoza.
Pour rappel, le patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi, a été décoré de la croix honorifique du mérite policier espagnole le 22 octobre 2014. Cette distinction a été remise « en reconnaissance du rôle du Maroc en matière de paix et de sécurité dans le monde ». Dans de nombreuses interventions, le ministre de l’Intérieur espagnol, Jorge Fernandez Diaz, avait salué l’ « excellente » collaboration du Maroc dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
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