« Tunisie libre, terrorisme dehors », « Notre pays est plus fort que vous », ont scandé les manifestants, de tous âges, au milieu d’une mer de drapeaux tunisiens. Ils ont été rejoints en milieu de journée par le chef de l’État tunisien Béji Caïd Essebsi. « Un grand salut au peuple tunisien qui a prouvé qu’il ne cèderait pas au terrorisme. Merci à tous et je dis au peuple tunisien : ‘En avant ! Tu n’es pas seul’ », a lancé le président de 88 ans, initiateur de la marche. En tête de la marche, le président tunisien était notamment accompagné de ses homologues français et palestinien, François Hollande et Mahmoud Abbas, ainsi que par les chefs des gouvernements italien et algérien Matteo Renzi et Abdelmalek Sellal.
Plusieurs membres du gouvernement, chefs de parti, parlementaires et représentants de la société civile ont également participé. Le cabinet royal était ainsi représenté par le conseiller Abdellatif Mennouni et le gouvernement, par les ministres Mohand Laenser (Urbanisme et Jeunesse) et Anis Birou (MRE) (le chef de gouvernement et Salaheddine Mezouar étaient en Égypte pour le sommet de la Ligue arabe). Les leaders des partis politiques ont mis de côté leurs dissensions et ont aussi défilé : Mustapha Bakkoury du PAM, Mohamed Abiad de l’Union constitutionnelle et Hamid Chabat de l’Istiqlal ont côtoyé les représentants des partis de la majorité, dont Saâdeddine El Othmani (PJD) et Nabil Benabdellah (PPS).
Pour Saâdeddine El Othmani, cette participation est un symbole car elle « reflète aussi la position de toutes les composantes du peuple marocain, ainsi que de la condamnation du Maroc de tous les actes terroristes commis aussi bien à l’intérieur du pays qu’ailleurs ».
Les autorités n’ont donné aucune estimation du nombre des participants à cette marche qui rappelait celle organisée en janvier après les attentats de Paris. « Tous ces gens sont venus dire aujourd’hui dire ‘non au terrorisme’ et pour transmettre un message aux terroristes : la Tunisie est intouchable ! », a déclaré à l’AFP l’un d’eux, Tayea Chihaoui, venu spécialement de Sidi Bouzid. « Que ces terroristes aillent au diable et nous laissent vivre en paix », a lancé Fadhila Lahmar, une sexagénaire.
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Sous haute sécurité
Les dirigeants ont marché dans une mêlée d’officiels et de journalistes sur une centaine de mètres dans un périmètre complètement bouclé par des centaines de policiers munis d’armes automatiques. Des hélicoptères survolaient la zone tandis que des tireurs d’élite étaient postés sur les toits.
Ce défilé officiel a longé l’enceinte où se trouvent le Parlement et le musée du Bardo. Les dignitaires ont ensuite inauguré une stèle portant les noms des victimes de l’attentat du 18 mars qui a fait 22 morts (21 touristes et un policier tunisien).
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Peu avant la marche, le Premier ministre Habib Essid a annoncé la mort du chef du principal groupe armé jihadiste tunisien, l’Algérien Lokmane Abou Sakhr, accusé par Tunis d’avoir « dirigé » l’attaque contre le musée du Bardo. Neuf jihadistes « parmi les plus dangereux terroristes de Tunisie », membres de la Phalange Okba Ibn Nafaa, ont en tout été abattus dans la région de Gafsa, selon le ministère de l’Intérieur. Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli a précisé qu’ils avaient été localisés puis abattus à un barrage alors qu’ils se déplaçaient en voiture.
Les autorités ont accusé le groupe Okba Ibn Nafaa, qui est lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d’être derrière l’attaque du musée bien que celle-ci ait été revendiquée par l’organisation rivale État islamique. Okba Ibn Nafaa est en outre tenu responsable de la mort de dizaines de policiers et militaires depuis décembre 2012.
Le parti islamiste Ennahda, deuxième force politique du pays présente dans la coalition gouvernementale, et la puissante centrale syndicale UGTT, avaient appelé à participer en masse à la marche. Mais le Front populaire, coalition de gauche et principale formation d’opposition, a annoncé qu’il la boycottait, accusant d’« hypocrisie » certains participants, dans une claire allusion à Ennahda. De nombreux politiques de gauche accusent en effet le parti islamiste de s’être montré laxiste face à la montée des courants jihadistes lorsqu’il était au pouvoir (fin 2011-début 2014).
Avec agences
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