A peine la porte de la petite villa rbatie ouverte, un fort parfum de oud se fait sentir. C’est celui de cheikh Mohamed Aboul Houda Al Yaqoubi, une personnalité majeure du monde sunnite. Morchid et juriste, il est le guide spirituel syrien de la Shadhiliya, une des Tariqa soufies les plus importantes et les plus influentes du monde, tant par sa taille que par son histoire. Le cheikh, turban de rigueur, le teint pâle, la barbe oscillant entre le blanc et le roux et les yeux bleus délavés, alterne entre le « je » et le « nous » de majesté. Classique pour une autorité confrérique qui revendique un lignage direct avec le prophète Mohammed via son petit- fils Hassan Ibn Ali. D’une politesse exquise, il s’excuse pour les milliers de livres religieux empilés du sol au plafond : « Je viens de les faire acheminer, je n’ai pas eu le temps d’y mettre de l’ordre ».
« Je me sens bien ici »
« Je me sens très bien ici, pays dans lequel j’ai des racines. Je suis un descendant de Moulay Idriss, le fondateur de Fès », précise ce quinquagénaire dont les ancêtres ont migré, il y a plus de 150 ans, du Maroc vers l’Algérie puis vers la Syrie. Lui a fait le chemin en sens inverse en 2011 pour fuir le régime de Bachar Al Assad. Sa nouvelle vie marocaine, il continue à la consacrer à la religion. Il revient d’ailleurs tout juste de Taounate, où il a animé une veillée pour le Mawlid. Ses yeux s’illuminent à l’évocation de cette nuit. Et de citer quelques-unes des belles rencontres qu’il a vécues au Maroc, avec Ahmed Toufiq, le ministre des Habous, soufi lui aussi, Cheikh Hamza, morchid de la Boutchichiya, mais aussi Mohammed VI, devant qui il a discouru en 2012 un soir de ramadan au sujet des différences entre fatwa et qada. Ces rencontres, Al Yaqoubi les doit au prestige de ses origines et de ses anciennes fonctions. Fils et petit-fils de religieux, il a commencé à prêcher dès l’âge de quinze ans à Damas, sa ville natale. Nommé mufti de Suède, où il a vécu dans les années 1990, il est ensuite devenu enseignant à la fameuse Grande Mosquée des Omeyyades de Damas, où il s’est réinstallé en 2006. Auteur d’ouvrages juridiques sur des sujets comme la fixation des prix et les procédures judiciaires, ce juriste attaché au rite malékite a récemment publié au sein d’une maison d’édition marocaine un petit recueil de prières à adresser au prophète Mohammed. Al Yaqoubi ne cache pas apprécier la sollicitude dont il fait l’objet au Maroc, où mosquées et écoles lui demandent régulièrement d’intervenir. Mais ça ne lui fait pas oublier sa réalité, celle d’un exilé.
Mufti, non merci
Dans le monde policé et soumis des théologiens et autorités religieuses syriens, Al Yaqoubi faisait depuis longtemps figure de poil à gratter. Quand on lui propose le titre de mufti de Damas en 2006, il refuse, voyant là un moyen de cooptation par le régime. Quelques années plus tard, un prêche soutenant la révolution en Tunisie et une critique acerbe de la doctrine wahhabite, alors que le régime syrien tente d’apaiser ses relations avec l’Arabie Saoudite, lui valent des interrogatoires. Mais c’est avec le soulèvement syrien, qui éclate en mars 2011, qu’il bascule irrémédiablement dans une opposition totale. Dès les premières manifestations, il fait transmettre par un ami commun une lettre au président Bachar Al Assad, qu’il a déjà eu l’occasion de rencontrer. Il lui demande entre autres de libérer plusieurs prisonniers politiques et d’écarter certains sécuritaires impliqués dans la répression. « Je voulais préserver l’unité nationale avant qu’il ne soit trop tard », commente-t-il. En avril, les morts de civils se multiplient. Al Yaqoubi délivre un premier prêche à ce sujet devant plus d’un millier de fidèles encadrés de policiers en armes, évitant d’adopter un ton trop véhément pour ne pas attiser les tensions. Début mai, il profite d’une discussion devant une assemblée plus restreinte pour se laisser filmer et condamner plus clairement le régime. Des agents des forces de l’ordre campent dès lors devant son domicile. Durant presque un mois, il vit de maison en maison, évitant de rentrer chez lui, jusqu’à ce qu’un ami introduit dans le milieu sécuritaire le prévienne que les services de renseignement l’ont définitivement dans le viseur. En juin, il fuit vers la Turquie, puis vers le Maroc. Peu de temps plus tard et après un détour par la Jordanie, sa famille, qui compte quatre enfants, l’y rejoint.
Commence alors pour le cheikh une vie semblable à celle que connaissent nombre d’opposants politiques en exil. De l’étranger, il enchaîne les déclarations, dont certaines secouent l’opinion publique syrienne. Comme lorsqu’il laisse entendre que le très populaire cheikh Al Bouti, un proche du régime tué dans un attentat en 2013, pourrait avoir été assassiné par les services de sécurité. « Il se chuchotait qu’il préparait sa défection », explique-t-il, sans cacher ni son inimitié envers Al Bouti, ni sa tristesse au moment où il a appris son décès. En 2013, Al Yaqoubi est brièvement nommé au Conseil national, instance de l’opposition, avant d’en être écarté par les Frères musulmans. Depuis le Maroc, il émet une dizaine de fatwas à l’intention des combattants rebelles, parmi lesquels il conserve une certaine influence, dans un pays où la tradition soufie est prégnante. « Un exercice sensible car, sur le terrain, la colère est grande », accorde celui qui a expressément condamné la capture d’étrangers ou l’assassinat des prisonniers de guerre. Il envisage, dans un premier temps, de créer avec d’autres soufis syriens un « Mouvement pour bâtir la civilisation » et entre en contact avec des groupes armés. Il décidera finalement de mener une activité caritative en faveur des civils. Sa fondation a bâti et gère un hôpital et des boulangeries au nord d’Alep, dans une zone libérée, ainsi que des écoles dans les camps de réfugiés en Jordanie.
En attendant Ghazali
La progression du terrorisme sur le terrain syrien a aussi poussé Al Yaqoubi à réagir. Si c’est contre le régime qu’il émettait une fatwa en 2011 sur Al Jazeera, aujourd’hui nombre des ses interventions publiques, dans des médias arabes ou américains, dénoncent les actes et les groupes terroristes. Son visage se referme quelque peu lorsqu’on le questionne à ce sujet. « À leurs yeux, je suis un hérétique. Voyez comment ils détruisent les mausolées ». Néanmoins, Al Yaqoubi insiste : une défaite du terrorisme en Syrie est impossible sans un départ de Bachar Al Assad. « La majorité des cadres du Front Al Nosra (branche syrienne d’Al Qaïda, ndlr) ont été libérés par le régime, qui a très tôt remis en liberté les radicaux mais pas les opposants démocrates ». Et comme il avait transmis un courrier à Bachar Al Assad en 2011, il a écrit en novembre 2014 une lettre ouverte à Abou Bakr Al Baghdadi, leader de l’État islamique, alias Daech, dans laquelle il condamne, sur des bases religieuses, les conversions forcées, l’excommunication, la torture et bien d’autres pratiques en vigueur dans les villes tenues par les jihadistes.
Cette vie d’opposant, Al Yaqoubi, on le sent bien, s’en passerait bien. Son vœu le plus cher est de reprendre ses leçons à la mosquée de Damas, surtout celles dédiées à Ghazali, un auteur qu’il chérit particulièrement. En attendant, sa croyance et ses convictions religieuses nourrissent son engagement. « Je mets la miséricorde et la préservation de la vie au centre de mes actes », affirme-t-il, lui qui pense que son rôle dans une Syrie libérée serait avant tout « d’absorber toute cette colère assimilée, essayer d’en prendre une part sur moi ». La voix basse, l’air un brin énigmatique, il sourit et glisse : « Le cœur peut parfois faire des choses dont la politique est incapable ».
Voilà que tous les Mozarabes, Aljmaiados-Moriscos dont la grande majorité sont d’origine
juive et chrétienne, tous ces Jacob (Yacoub-i), Bou Teboul, Cohen et bien d’autres se prennent de descendant de Hassan ou de Hussein ou d’autres????
Voilà que cet homme accuse un régime légal de terroriste et les terroristes de démocrates!!!!
L’homme de la religion ne fait pas de politique, mais n’est pas exclu de donner un
avis et de s’occuper de l’âme de ceux qui le veulent.
Il se proclame modéré mais prêche la dictature de Ghazali qui ‘s’oriente vers un mysticisme profond refusant toute vérité aux philosophes et les accusant d’infidélité. Dans son ouvrage Tahafut al-Falasifa (L’incohérence des philosophes) (1095), il montre, par la méthode même des philosophes, qu’il maîtrise du fait de ses études, que les philosophes n’aboutissent qu’à des erreurs, condamnables car contredisant la Révélation. La critique vise principalement l’aristotélisme d’Ibn Sina’ (Wikipédia). Ghazali, bien qu’il ait écrit une œuvre de conséquence de Tasouwouf, il reste la cause principale de la destruction des écrits d’Avicenne et de l’envoyer en exile dans la ville juive en Espagne d’abord, avant de rejoindre le Maroc et y mourir enfin.