Sur Twitter, Mustapha El Khalfi s’est exprimé à son tour le 30 décembre sur la censure d’Exodus via Twitter. Pour le ministre de la Communication, « le refus de visa d’exploitation a été décidé par la Commission de visionnage ». Le ministre et le directeur du Centre cinématographique marocain insistent tous deux sur « l’indépendance » de la commission.
Sur cinq tweets, Mustapha El Khalfi applaudit « le respect de la loi » par le directeur du CCM et rappelle que le film a été interdit pour représentation de dieu. Alors que, rappelons-le, dieu n’est pas représenté de façon explicite dans aucune scène d’Exodus, il s’agit uniquement d’une interprétation de la scène d’un enfant, venu transmettre des messages à Moïse. Pour clore, il rappelle que « la décision prise par la Commission n’atteint aucunement la liberté de la création artistique garantie par la Constitution ».
Je soutiens la décision prise au sujet du film #Exodus et je salue l’attachement du Directeur du CCM au respect la loi 1/5
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) December 30, 2014
Le refus de visa d’exploitation a été décidé par la Commission de visionnage en vertu de l’art. 8 de la loi sur la cinématographie 2/5
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) December 30, 2014
La décision prise à l’unanimité par la commission a été motivée par le fait que le film comprend une scène qui représente Dieu 3/5
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) December 30, 2014
La foi des Marocains ne peut faire l’objet de marchandage et ce qui pourrait porter atteinte à la sécurité du pays ne peut être toléré 4/5
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) December 30, 2014
La décision prise par la Commission n’atteint aucunement la liberté de la création artistique garantie par la Constitution 5/5
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) December 30, 2014
Retour sur plusieurs rebondissements
La censure d’Exodus a connu bien des rebondissements depuis la date de sortie du film, devant être projeté dans plusieurs salles au Maroc à partir du 24 décembre dernier. Si la censure du dernier film de Ridley Scott, racontant l’histoire de Moïse, n’est devenue effective que vendredi 26 décembre, les exploitants de cinémas ayant programmé Exodus ont été approchés par le Centre cinématographique marocain la veille de la sortie du film, leur demandant de déprogrammer oralement le film, menaçant certains de sanctions et même de fermeture de la salle, selon Hassan Belkady, exploitant du cinéma Rif à Casablanca. Malgré tout, l’exploitante du cinéma le Colisée à Marrakech et distributrice du film avait poursuivi la projection du film « jusqu’à ce qu’un courrier officiel soit envoyé », nous expliquait-elle. Elle a donc pu projeter le film du 24 au 26 décembre « sans qu’il n’y ait aucun incident lors des projections de la part des spectateurs », témoignait-elle à Telquel.ma. Ce n’est donc que le vendredi au soir que le CCM envoie un courrier officiel justifiant la censure du film par « la personnification de dieu » et envoyant une dizaine de personnes du ministère de l’Intérieur au cinéma le Colisée qui « ont même contribué au décrochage de l’affiche », nous expliquait Mounia Layadi Benkirane, l’exploitante de la salle.
Moi, Ministre Khalfi, rejette toute expression artistique portant atteinte à mes dogmes irrationnels. Dogmes véridiques car consignés dans mon texte qui ne saurait souffrir d’aucune contestation ou faille (cqfd). Moi, Ministre Khalfi, censeur paternaliste, oeuvre pour la sécurité de mes sujets incultes qui risquent de se déchainer à la projection d’un film. Moi, Ministre Khalfi, suis ridicule mais heureusement que le ridicule ne — —