Daech décapite un humanitaire américain: un «acte de mal absolu»

Le groupe Etat islamique (EI) a exécuté par décapitation Peter Kassig − également connu sous son nom musulman de Abdul-Rahman − en représailles à l'envoi de conseillers militaires américains en Irak, dans un acte qualifié par Barack Obama de « mal absolu ».

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Peter Kassig avec "Jihad John"
Crédit: Capture d'écran

Le groupe jihadiste a mis en ligne dimanche une vidéo montrant le corps de l’otage, dont l’authenticité a été confirmée par la Maison Blanche. Barack Obama a dénoncé dans un communiqué « un acte de mal absolu mené par un groupe terroriste que le monde considère, à juste titre, comme inhumain ». Londres et Paris ont également condamné l’exécution.

Sur la vidéo diffusée par l’organe médiatique de groupes jihadistes Al-Furqan, des combattants de l’EI sont aussi montrés en train d’exécuter au moins 18 hommes présentés comme des soldats syriens.

Les parents de l’otage américain ont déclaré dimanche avoir « le coeur brisé d’apprendre que notre fils, Abdul-Rahman Peter Kassig, a perdu la vie à cause de son amour pour le peuple syrien et de son désir d’alléger ses souffrances ». Le secrétaire d’État John Kerry a assuré que les membres du gouvernement et la famille avaient « travaillé ensemble pendant toute sa captivité pour éviter la tragédie ».

« C’est Peter Edward Kassig, un citoyen américain de votre pays (…) », affirme dans la vidéo un homme masqué et habillé de noir, debout à côté d’une tête tranchée, en référence à cet ancien soldat converti à l’islam, le cinquième otageoccidental enlevé en Syrie à être exécuté par l’EI depuis août.

« Nous voilà en train d’enterrer le premier croisé américain à Dabiq (ville du nord syrien). Et nous attendons avec impatience l’arrivée de vos autres soldats pour qu’ils soient égorgés et enterrés ici même« , a menacé cet homme à l’accent britannique qui semble être « Jihadi John », l’assassin présumé des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff.

Agé de 26 ans, Peter Kassig est le troisième otage américain dont la décapitation est revendiquée par l’EI. Deux Britanniques, Alan Henning, un volontaire humanitaire, et David Haines, travailleur humanitaire, ont subi le même sort.

18 soldats syriens exécutés

Ces exécutions sont la dernière démonstration en date de la brutalité de l’EI, responsable de terribles exactions -viols, rapts, nettoyage ethnique, crucifixions, esclavage, etc…- dans les vastes régions conquises en Syrie ravagée par la guerre civile, et en Irak.

Le meurtre de l’otage, qui a adopté le prénom d’Abdul Rahman après sa conversion, a été lié par l’EI à l’envoi de quelque 3 000 soldats et conseillers militaires américains en Irak pour aider l’armée à combattre le groupe jihadiste sunnite. « Vous aviez prétendu il y a quatre ans que vous vous retiriez d’Irak (…) En fait, vous n’aviez fait que cacher certaines de vos troupes (…) Celles ayant été retirées sont revenues en plus grand nombre », ajoute sur la vidéo l’homme masqué à l’adresse du président Obama.

Peter Kassig, qui avait fondé en 2012 une organisation humanitaire avant d’être enlevé en Syrie en 2013, avait été menacé de mort par l’EI dans une vidéo le 3 octobre montrant la décapitation d’Alan Henning.

« Abdul Rahman était un travailleur humanitaire qui travaillait pour sauver les vies de Syriens blessés et dépossédés par le conflit en Syrie », a déclaré M. Obama dans son communiqué, soulignant que les actions de l’EI « ne représentent aucune foi, et certainement pas la foi musulmane que Abdul Rahman avait adoptée ».

L’un de ses amis syriens, Burhane Moussa Agha, 29 ans, qui l’a connu en 2012, se souvient de Peter Kassig comme « quelqu’un qui aidait les Syriens gratuitement, avec son propre argent. Il a tout quitté, sa famille, sa vie en Amérique pour aider les gens. Il n’avait pas peur. Peter était un héros ».

« Perversité », « Barbarie »

Avant la séquence d’exécution de Kassig, la vidéo montre la décapitation de « soldats de Bachar » Al-Assad. On y voit au moins 18 hommes, chacun accompagné par un combattant de l’EI. L’un après l’autre, les jihadistes se saisissent d’un couteau et forment une ligne avant de plaquer leurs victimes respectives au sol et de les décapiter simultanément.

La vidéo est différente des précédents enregistrements de décapitation d’otages occidentaux, Kassig n’y ayant pas été montré vivant et aucune menace n’ayant été proférée contre un autre otage occidental détenu.

« Je suis horrifié par le meurtre de sang-froid d’Abdul-Rahman Kassig », a réagi le Premier ministre britannique David Cameron. L’EI « a une nouvelle fois montré toute sa perversité ». Le président français François Hollande a dénoncé les exécutions comme des « crimes contre l’humanité » et assuré que son pays continuerait le combat contre l’EI.

Enfin sur le front en Irak, les forces armées tentent de sécuriser la plus grande raffinerie du pays, au nord de Bagdad, après avoir brisé son siège par l’EI. Et en Syrie, la bataille pour la ville de Kobané qui se poursuit entre jihadistes et forces kurdes a fait environ 1 200 morts en deux mois, selon une ONG.

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