Abdelilah Benkirane a tenu un discours harangueur devant la jeunesse de son parti, dimanche 14 août, à la séance inaugurale de la 10e édition des rencontres de la chabiba du Parti de la justice et du développement (PJD), qui s’est déroulée à Salé ce week-end.
Le chef du gouvernement s’est exprimé en tant que chef de parti d’abord, adressant un message de confiance et d’encouragement aux jeunesses islamistes. Et par ricochet aux soutiens du parti :
Je suis le secrétaire général d’un parti politique et je parle à des politiques. Si vous voulez vraiment travailler pour votre pays, pour la veuve, l’orphelin et le pauvre, [le PJD] est la voie à suivre.
L’allocution d’Abdelilah Benkirane, très axée sur le référentiel islamique en « expansion » dans le monde, selon le chef des islamistes au gouvernement, a été emprunte de rhétorique victorieuse :
Le gouvernement n’a plus peur du peuple, et le peuple ne déteste plus le gouvernement.
La baraka de Benkirane ?
Le chef islamiste a fait référence au discours royal à l’occasion de la « révolution du roi et du peuple ». Mohammed VI avait salué les « différents gouvernements qui se sont succédé » et mis l’accent sur la nécessité de réduire les écarts sociaux.
Pour le leader du PJD, il s’agit d’un discours « militant », qui augure l’arrimage du Maroc aux pays émergents et qui reconnaît la répartition inéquitable des richesses.
Le chef du gouvernement l’interprète surtout comme un signe de confiance du monarque à l’adresse du gouvernement islamiste, le seul resté aux affaires dans le Maghreb, où les partis qui partagent ce référentiel ont été écartés progressivement du pouvoir.
Abdelilah Benkirane, tout en précisant ne pas nier l’apport des gouvernements précédents, estime que le roi a salué « publiquement, officiellement et clairement le rôle du gouvernement. »
« Opposez-vous à nous, c’est dans notre intérêt »
Le chef du PJD a aussi évoqué indirectement la victoire de son parti aux élections de 2011 et son sacre à la tête du gouvernement à la faveur du printemps arabe, n’hésitant pas à y voir littéralement un don de Dieu.
« Malgré notre petit nombre, nos peu de moyens et toutes les reproches que l’on nous fait, Allah nous a donné le statut que nous occupons aujourd’hui » (voir vidéo, à partir de la quatorzième minute).
Abdelilah Benkirane a ensuite appelé la jeunesse de son parti à jouer un rôle d’opposition, aussi bien aux politiques en général qu’à celles du gouvernement que le parti dirige pourtant.
« Il n’y a pas de problème à ce que vous jouiez un rôle d’opposition. Faites-le. Quand vous notez quelque chose que l’on n’a pas dit, ou que les conditions ne nous permettent pas de dire, élevez votre voix. Opposez-vous à nous, c’est dans notre intérêt », a-t-il lancé (voir vidéo à partir de la 21e minute). Une déclaration qui peut sembler étonnante de prime abord, mais qui rejoint la doctrine et la pratique du parti, rompu à cet exercice notamment au sein du parlement.
Gaza au centre du débat
Le chef du gouvernement n’a pas raté également l’occasion de critiquer ses adversaires, et en premier lieu le leader de l’Istiqlal Hamid Chabat, son ancien allié au sein de la coalition gouvernementale, qu’il ne cite toutefois pas nommément.
« Le train a démarré il y a deux ans et demi. Si nos adversaires n’y font pas attention, le train les dépassera », assène-t-il. Cela étant, Abdelilah Benkirane se veut serein et explique que l’opposition ne le dérange pas. « Que des partis nous concurrencent ou même qu’ils veulent la chute de l’exécutif, c’est la démocratie. Et nous acceptons la démocratie ».
Le grand rassemblement de la jeunesse du PJD s’est déroulé en présence des cadres du parti et au renfort de banderoles saluant pour la plupart la « résistance du peuple palestinien » à Gaza.
Un thème également évoqué par le chef du gouvernement, qui raconte une entrevue qu’il a eu aux États-Unis avec John Kerry, le secrétaire américain aux Affaires étrangères (voir vidéo vers la minute 30).
J’ai dit à Kerry qu’Israël n’arrivera à rien en utilisant la violence. Si il détruit le Hamas, il y aura un autre Hamas.
L’intervention d’Abdelilah Benkirane, suivie religieusement par l’assistance, était ponctuée d’applaudissements.
Je ne suis pas la politique au Maroc mais normalement dans les pays occidentaux quand un chef de parti devient président ou premier ministre il commence par démissionner de sa fonction de chef de parti en jurant de présenter tout le peuple et mais là il est les deux à la fois. A ce que qqun peut m’expliquer ?