Une fois n’est pas coutume, le public et le privé ont réussi à accorder leurs violons. Et c’est sur le lancement d’un baccalauréat professionnel, à partir de la rentrée prochaine, qu’ils se sont mis d’accord. L’objectif est simple : créer une passerelle entre l’enseignement secondaire et le monde du travail. Autrement dit, former des élèves « prêts à l’emploi », et donc répondre au besoin, émanant des entreprises, de main d’œuvre qualifiée. « En plus de l’insertion professionnelle, où les profils professionnels sont largement favorisés, les bacs professionnels seront une alternative de plus pour les lycéens. Aujourd’hui, beaucoup d’élèves n’osent pas choisir les filières scientifiques car ils ont peur de ne pas avoir le niveau nécessaire, et choisissent donc la filière littéraire par dépit. Résultat, les classes sont saturées et la plupart des bacheliers ne peuvent ni poursuivre leurs études ni trouver du travail », nous déclare le ministre de l’Education nationale, Rachid Belmokhtar. Une manière également de s’aligner sur l’enseignement supérieur, qui propose depuis près de sept ans des cursus professionnalisants.
Théorie et pratique
Pour l’instant, seuls quatre types de baccalauréat professionnels sont prévus et ciblent les secteurs « qui ont le plus de besoins », précise Fatima Ouahmi, chef de division de la communication au sein du ministère de l’Education nationale. Il s’agit de la maintenance industrielle, l’industrie mécanique, la construction aéronautique et la conduite d’une exploitation agricole. L’expérience pilote sera menée au sein de six lycées du royaume (Casablanca, Kénitra, Témara et Tanger), à raison d’une classe par établissement, ouverte à une trentaine d’élèves. Au cours de la première année, les lycéens suivront 28 heures de cours généraux (sciences, langues, culture générale…) et 4 heures d’enseignement professionnel, dispensé par les formateurs des centres de formation professionnelle, notamment les IFMIA (métiers de l’automobile) et les IMA (métiers de l’aviation). « Intervenants, équipements, industries… nous avions tout à portée de main, il n’y avait plus qu’à lancer le projet », s’enthousiasme Belmokhtar. Lors de la deuxième et de la troisième années, les futurs bacheliers passeront à un enseignement spécialisé, avec 14 heures de cours professionnels et 21 heures de cours généraux. Les lycéens devront également effectuer un stage de deux à quatre semaines par an. « A Tanger, l’usine Renault a déjà signé une convention avec le ministère et s’est engagée à proposer des stages à l’ensemble de la promotion », affirme Fatima Ouahmi.
Du « sur mesure »
Le but n’est pas seulement de professionnaliser les lycéens, mais aussi de leur permettre d’accéder à l’enseignement supérieur. « Actuellement, les entreprises privilégient plutôt les profils bac + 2. Ainsi, les lycéens pourraient continuer en BTS, en DUT ou bien directement intégrer la troisième année de licence professionnelle après une formation auprès de l’OFPPT et un concours d’accès », étaye Mohamed Yassine Talal, directeur de cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur. Rachid Belmokhtar, quant à lui, réfléchit déjà à de nouvelles filières et à l’extension progressive de ce diplôme. « Le ministère est en discussion avec le secteur du textile et l’OCP, tandis que la CGEM analyse le tissu économique de chaque région afin d’adapter l’offre à la demande », explique-t-il. Et de conclure: « Le Maroc compte trois techniciens pour un ingénieur, alors que la moyenne mondiale exige un ingénieur pour sept techniciens. Nous avons donc encore de la marge. Cependant, nous ferons du sur mesure afin de nous adapter au marché de l’emploi. Si un secteur est bouché, nous fermerons les filières concernées afin d’en ouvrir d’autres ».
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