Drame. D’un pays encore soumis à la censure nous parviennent des œuvres magistrales. Une famille respectable est à découvrir absolument.
Il y a dans le cinéma iranien des métaphores sociales que le septième art marocain devrait lui envier. Une famille respectable de Massoud Bakhshi en est une belle preuve. Explorer l’intime, la chronique familiale, parfois le simple fait divers, pour dépeindre le visage d’une société : voilà la belle prouesse et l’excellente astuce des réalisateurs iraniens comme Massoud Bakhshi ou Asghar Farhadi (Une séparation). Ils donnent à sentir et à palper le malaise iranien sans grand sermon ni discours formaté pour les Occidentaux. Il leur suffit de montrer avec beaucoup de justesse la vie comme elle est, et à quelle vitesse elle peut basculer. Arash, personnage principal du film, et dont le nom est un clin d’œil au poète persan Ferdowsi, a quitté l’Iran quand il avait 15 ans et y revient 22 ans plus tard, invité par l’université de Chiraz pour y dispenser des cours pendant un semestre. Revenir dans son pays, c’est aussi replonger dans le malaise familial pour Arash. Son père a divisé sa famille en deux : d’un côté Arash et son frère martyr, mort pendant la guerre Irak-Iran, et de l’autre un demi-frère cupide et corrompu, né d’une union avec une autre femme. Le père est mourant et son héritage devient l’objet de toutes les convoitises.
La famille respectable d’Arash est un miroir aux alouettes. Comme la moralité de la société iranienne, semble dire le réalisateur. Le père de famille n’a pas hésité à exploiter la mort de son fils en martyr et de s’enrichir grâce à ce glorieux titre. Hamed, le neveu d’Arash, est tout mielleux avec son oncle, et ne cache que trop mal qu’il s’intéresse surtout à l’héritage de ce dernier. La jeunesse chez Bakhshi – qui signe là son premier long-métrage – a perdu ses valeurs et ne jure que par l’argent. Mais le réalisateur ne tombe pas dans le piège du réactionnaire, car si les jeunes sont perdus, ce sont bien leurs aînés qu’il faut blâmer et la soumission qu’ils ont imposée. Il n’y a que les femmes qui trouvent grâce aux yeux du cinéaste. La mère d’Arash demeure sa seule boussole et le symbole de la rigueur morale dans un pays qui broie notre héros.
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