Les éditions Alberti sortent quatre albums BD pour promouvoir ce genre encore confidentiel au Maroc. Coup de cœur.

Vous connaissiez les bienfaits de l’huile d’argan, mais vous n’imaginiez pas à quel point ils pouvaient être salvateurs ! Un groupe de promeneurs va même lui devoir la vie. Dans Tagant, la forêt des mystères, on se balade dans la dernière forêt proche d’Agadir. Omar Ennaciri nous projette dans un futur proche (septembre 2015) et nous met tout de suite dans le bain : « Vous savez, l’homme est capable de changer beaucoup de choses mais parfois il devrait s’en abstenir ! Il peut transformer irrémédiablement le plus beau des rêves en le pire des cauchemars ».

Le rêve au cœur de  cet album est celui d’un industriel sans scrupule (le méchant) qui, dans sa hâte de « se faire un maximum de fric », met au point un produit particulièrement toxique aux conséquences désastreuses sur la forêt et ses gazelles. Du coup, s’engage une lutte à mort avec un groupe de chercheurs (les gentils) qui, eux, ont un peu plus le souci de préserver
l’environnement.

Tagant est un bon album d’action, avec un peu de suspense, beaucoup d’adrénaline et une bonne dose de fantastique. Omar Ennaciri s’affirme avec ce deuxième opus comme un des talents montants de la BD au Maroc. Ce lauréat de l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan, né en 1983, enseigne les arts plastiques à Agadir et se partage entre ses deux passions : la musique country et le 9^e art. Il a déjà publié en Algérie (Abîme, Dalimen, 2012). Ses pages sont bien rythmées, avec une architecture visuelle forte et dynamique.

Avec ses aquarelles et ses coups de crayon, il adopte une esthétique hyperréaliste. Ses personnages ont l’air tout droit sortis de films d’action américains. Omar Ennaciri refuse toute forme de regard ethnographique et construit des scènes modernes à partir de son bagage amazigh de récits et d’images.