La nouvelle n’a fuité que le 5 juillet dans les médias. Pourtant, le journaliste algérien Saïd Chitour est incarcéré depuis des semaines. Il a été arrêté le 5 juin, à l’aéroport d’Alger alors qu’il revenait d’un voyage en Espagne, révèle El Watan.
L’homme a été « présenté devant le tribunal de Dar El Beïda, qui l’a placé sous mandat de dépôt pour une présumée affaire d’espionnage, de remise de documents classés confidentiels à des diplomates étrangers contre de l’argent », toujours d’après El Watan.
« Fixeur » pour des médias étrangers et correspondant de la BBC, Saïd Chitour avait l’habitude d’organiser les rencontres entre les journalistes internationaux et servait aussi d’interprète lors de leurs voyages en Algérie.
Son avocat, maître Bourayou, précise au site d’information Tout sur l’Algérie que Chitour est poursuivi en vertu de l’article 65 du Code pénal algérien qui prévoit la « réclusion perpétuelle pour quiconque, dans l’intention de les livrer à une puissance étrangère, rassemble des renseignements, objets, documents ou procédés dont la réunion et l’exploitation sont de nature à nuire à la défense nationale ou à l’économie nationale ».
Pourtant, l’avocat affirme que son client n’a « livré aucun document à des diplomates, encore moins des documents confidentiels pouvant nuire à la défense ou à l’économie nationale« . « Sa fonction de journaliste ne pouvait pas permettre à mon client d’accéder à des documents confidentiels qui pourraient entrer dans les prévisions de l’article 65. Il était invité dans des ambassades comme d’autres journalistes. Il y a eu des discussions au cours desquelles il s’agissait d’analyses de la situation politique du pays« , poursuit le juriste.
Incarcération éprouvante
Dans El Watan, le frère de Saïd Chitour a exprimé son inquiétude au sujet de la santé et des conditions de détention du journaliste. « Je l’ai vu à la prison. Il était perdu, absent et a complètement fondu« , explique-t-il, alors qu’il n’a pu le voir que le 26 juin soit 20 jours après son incarcération. « Son épouse lui a rendu visite une seule fois, les premiers jours qui ont suivi son incarcération« , témoigne encore son frère.
« Il ne cessait de répéter qu’il était innocent et qu’ils n’ont aucune preuve qui conforte les accusations. Il se savait surveillé, mais il n’a jamais parlé de ses inquiétudes. Il a été interpellé à deux reprises pour être interrogé. Il disait qu’il avait des ennemis, mais pas plus« , rapporte encore son frère.
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