El Hasnae, morte après un viol, devient un nouveau symbole de lutte

Le viol collectif puis la mort d'El Hasnae, 18 ans, dans des circonstances non élucidées a poussé une association à se mobiliser. Revendication: Renforcer l'arsenal juridique pour protéger les femmes victimes de viols.

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Reconstitution d'un viol. (c) DR

El Hasnae, 18 ans, est morte des suites du traumatisme d’un viol collectif dont elle a été victime. Sa disparition a marqué la fin d’un supplice qui a duré plusieurs mois, depuis la terrible agression qu’elle a subie. L’association Union féministe libre (UFL) a choisi d’ériger El Hasnae en symbole de la violence contre les femmes au Maroc, à travers une vidéo publiée le 20 décembre sur les réseaux sociaux.

Najoua El Moussaid, membre de l’UFL, nous raconte le tragique destin de la défunte. Le 6 juillet 2016, El Hasnae contacte la militante associative. La jeune fille vient de passer quatre nuits livrée à elle-même, à la gare de Rabat, pour échapper aux « multiples tentatives de harcèlement, violences et viol de son père adoptif ». Elle choisit de prendre contact avec l’UFL, après qu’un groupe de jeunes l’eut conseillée de le faire. « Je l’ai hébergée chez moi pendant près d’une semaine, avant de la confier à un centre spécialisé pour la protection des femmes, à Rabat », nous explique Najoua El Moussaid.

Une fois au centre, on promet à la jeune victime un avenir radieux et la poursuite de ses études. Au final, elle y restera près d’un mois avant de fuguer. « Il n’y a pas eu de suivi quant à cette fugue, on n’a pas cherché à savoir où ni comment elle a quitté les lieux », déplore la militante de l’UFL.

Le collectif féministe apprendra trois semaines plus tard qu’El Hasnae a été violée par un groupe d’hommes. « Un policier m’a appelé pour m’annoncer qu’elle avait été violée. Je lui ai dis de contacter le centre où elle vivait et de me rappeler ensuite, mais je n’ai jamais eu de retour » explique Najoua El Moussaid. Et d’ajouter : « Ce n’est qu’en menant notre propre enquête que nous avons appris qu’elle avait rejoint Rommani, son village familial, non loin de Rabat (…) Le 6 novembre, nous avons appris sa mort. Son corps était au fond d’un puits », conclue-t-elle. L’hypothèse du suicide n’a pas été confirmée.

L’histoire d’El Hasnae rappelle celle de beaucoup d’autres. Le collectif explique qu’au moment où la police a rapporté le viol d’El Hasnae, quinze autres filles étaient concernées par des faits similaires. Les auteurs de ces actes ont été, depuis, appréhendés, nous précise-t-on. Najoua El Moussaid proclame, révoltée : « Je ne sais pas combien de filles doivent mourir, combien de filles doivent subir des viols ? (…) Personne n’est au courant, les médias gardent le silence, la presse est aux abonnés absents, l’information n’est disponible nulle part. Les lois doivent changer », réclame-t-elle

En attente d’un procès

Désormais, quatre des quinze filles violées ainsi que la famille d’El Hasnae ont décidé de poursuivre en justice les violeurs présumés, avec le soutien de l’association UFL.

La prochaine audience se tiendra le 2 janvier 2017, au tribunal de première instance Rabat. « Faisons de l’année 2017 une année de droit, Rendons justice à l’âme de El Hasnae, et demandons au gouvernement marocain : Où est le projet de loi 103.13 ? », explique ainsi le collectif, en référence au projet de loi relative à la lutte contre les violences faites aux femmes.

« Nous faisons appel au peuple marocain afin de réagir et aux composantes de la société civile marocaine, régionale et internationale afin de soutenir les jeunes filles », souligne l’UFL. Et de conclure par ce qui compose désormais leur slogan de campagne : « Combien de jeunes femmes doivent mourir pour que la loi change ? », en arabe : شحال من وحدة خاص تموت باش تبدلو القوانين –

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