Sciences: Bonnet d'âne pour les élèves marocains

Le Maroc figure aux dernières places du classement international sur la maîtrise des sciences à l'école.

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Selon les résultats de l’étude internationale sur les tendances de l’enseignement des mathématiques et des sciences « TIMSS 2015 », la performance globale des élèves marocains des cycles primaire et secondaire en mathématiques et en sciences laisse encore à désirer. Malgré les progrès significatifs réalisés par le Maroc en comparaison avec les résultats de l’édition de 2011, la différence avec la moyenne des autres pays sondés reste très importante.

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Sur les 56 pays ayant participé à cette édition, on compte seulement neuf pays arabes et deux pays d’Afrique subsaharienne. Les autres sont issus d’Europe occidentale et de l’Est, du Sud-est de l’Asie et de l’Amérique du Nord, dont le produit intérieur brut (PIB) est très élevé.

Des programmes incohérents

Pour Samir Abderrasi, professeur de SVT dans un lycée public à Mohammedia, la ‘marocanisation’ des programmes français dans les années 70 explique en partie ce résultat. «On les a soi-disant reconstruits autour des spécificités marocaines, mais en réalité ils n’ont aucune cohérence » déplore l’enseignant. À titre d’exemple, ce dernier évoque l’apprentissage de la chimie organique à la fin de l’année scolaire alors que celle-ci est entamée avec un module où sa connaissance est obligatoire.

Un programme qui, en plus d’être incohérent, n’est souvent pas respecté, souligne son collègue Driss Bouhadma, professeur de SVT à Agadir : « Ce matin encore, j’ai procédé à une interrogation de géologie pour des lycéens. Presque aucun d’entre eux n’a réussi l’exercice de maîtrise d’une échelle sur une carte géographique, alors que c’est un exercice niveau collège ! ».

Si, pour l’enseignant, les programmes sont quasiment les mêmes qu’en France, il existe tout de même quelques problèmes d’organisation : « Les cellules de construction des programmes veulent qu’on traite trop de thématiques dans un temps très réduit ». La géologie, par exemple, est étudiée dans un module qui représente 1/6 de l’année là où il faudrait lui consacrer, selon lui, au moins une année : « On doit restreindre le nombre de leçons et mieux les expliquer. Si on ne laisse pas l’élève digérer l’information qu’il reçoit, il ne se souviendra de rien » déplore Driss Bouhadma.

Des élèves qui changent

En plus de l’absence de cohérence dans les programmes, les enseignants sont confrontés à un autre problème. « Les élèves n’ont plus la même façon d’apprendre, explique Samir. Avec les nouveaux outils multimédia, ils ont une concentration de dix minutes maximum, alors que certaines de mes leçons durent jusqu’à trois mois ».

Un avis que partage sa collègue, Samia, professeur de mathématiques dans un collège public. L’enseignante pointe le manque d’adaptation de l’école marocaine à ces changements de comportement. « Nous devons réinventer notre façon d’enseigner. Le problème, c’est que dès qu’on essaye, on est stoppé net par les inspecteurs qui nous obligent à coller strictement aux manuels ». La jeune femme avait, par exemple, pensé à un système de « vidéos ludiques » projetées sur grand écran pour expliquer la géométrie à ses élèves.

Si la forme des enseignements semble figée, c’est aussi le cas des contenus, affirme Samir : « Dans les programmes français, tout s’articule autour d’un fil conducteur : l’évolution. Chez nous, c’est interdit par le lobby des conservateurs qui ne croit pas en l’évolution ». Une thématique pourtant très importante à traiter, a-t-il affirmé.

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