Mohammed VI a entamé le 13 mars une visite officielle en Russie. Cette visite est très attendue puisqu’elle était initialement prévue en 2014 puis promise par les officiels en 2015. Neuf ministres ont fait le déplacement en compagnie du souverain. Il faut dire que la Russie est un partenaire stratégique, aussi bien économiquement que politiquement.
Le Maroc achète du pétrole et vend des clémentines
Les relations commerciales entre les deux pays ont progressé ces dernières années et, le volume des échanges s’est établi à 2,5 milliards de dollars en 2015. Mais la balance commerciale reste largement déficitaire pour le Maroc puisque, pour schématiser, le royaume achète de l’énergie et vend des clémentines. La Russie exporte vers le Maroc : pétrole (60%), fer, soufre, engrais et produits chimiques. A ce titre, le ministre marocain de l’Énergie, Abdelkader Amara, accompagne Mohammed VI à Moscou. Et de l’autre côté, le pays importe principalement des produits agricoles et agroalimentaires. D’ailleurs, alors que côté marocain c’est le ministre des Affaires étrangères qui copréside la commission intergouvernementale mixte russo-marocaine, côté russe, c’est au ministre de l’Agriculture que revient cette tâche.
Dans ce secteur, la Russie est le deuxième client du Maroc. Les exportations marocaines sont en hausse depuis que la Russie est sous embargo européen en représailles de la crise ukrainienne, reconnaît l’Association marocaine des exportateurs (Asmex). Cette dernière estime que le marché russe constitue « un fort potentiel », en citant les fruits et légumes, mais aussi le poisson ou encore les produits hallal. La Russie compte environ 20 millions de musulmans (le ministre marocain des Habous fait également partie de la délégation). « C’est un marché de niche à exploiter, cela ne va pas se faire tout de suite, mais des entreprises marocaines commencent à être certifiées », nous précise un membre de la direction de l’association. D’après les analystes de l’Institut royal des études stratégiques, les potentiels de ventes marocaines sont à chercher du côté du phosphate et de ses dérivés et des agrumes, toujours plus.
Un accord de libre-échange ?
D’après le ministre délégué au commerce extérieur Mohamed Abbou, des discussions seraient actuellement en cours pour s’entendre sur un accord de libre-échange. En novembre 2015, il déclarait à l’agence de presse russe que les négociations étaient au stade de « pourparlers finaux », mais pourtant, le ministre délégué ne fait pas partie de la délégation accompagnant le roi à Moscou.
Les investissements directs russes au Maroc sont très limités. En 2008 par exemple, année de bonne performance, ils n’ont représenté que 0,03 % des IDE russes dans le monde. D’après l’ambassadeur du Maroc en Russie cité le 13 mars par la MAP, les entreprises russes sont intéressées pour investir au Maroc dans l’énergie, l’électricité, la prospection pétrolière ou encore l’industrie paramédicale.
Un conseil d’affaires maroco-russe existe, présidé justement par Hassan Sentissi El Idrissi, le président de l’Asmex, qui a fait le déplacement à Moscou déjà depuis plusieurs jours. En 2014, une délégation de 120 opérateurs marocains s’était rendue à Moscou pour le premier forum Maroc/Russie. « Ces visites permettent des rencontres, il faut se déplacer pour se connaître », assure une source à la direction l’Asmex.
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Soutien à l’ONU ?
Côté géopolitique, la Russie peut également constituer un allié de taille. Le vice-ministre russe aux Affaires étrangères compte sur cette visite officielle pour évoquer la situation géopolitique au Proche-Orient et la lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré à la MAP. Le conseiller du roi Fouad Ali El Himma, qui fait d’ailleurs partie de la délégation, avait préalablement à cette visite officielle, en janvier dernier, rencontré Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie à Moscou .
Sur le dossier syrien, les deux États ont à priori deux positions différentes. La Russie est alliée de Bachar Al-Assad, alors que le Maroc suit la position officielle de la Ligue arabe qui réclame le départ du président syrien.
L’État est membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Lors d’une précédente interview accordée à TelQuel, la ministre déléguée aux Affaires étrangères Mbarka Bouaida reconnaissait d’ailleurs cet intérêt de taille. Sur la question du Sahara, Moscou appuie le processus de négociation. Mais, la Russie reste un gros fournisseur d’armements pour l’Algérie.
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