Ta vie en l'air. La nécessaire légèreté de l’être

Par Fatym Layachi

Il s’en est passé des choses ces derniers temps. Sans doute trop. Les images défilent partout. Tu fais partie de ces gens dont l’iPhone vibre à la moindre alerte de l’actu. Ça te donne l’impression d’être au courant du moindre évènement qui se produit, de ne rien rater. Même si la plupart du temps tu te contentes de glisser ton doigt pour faire disparaître la notification. Et puis, surtout, tu ne comprends pas tout. Mais la seule chose dont tu sois sûre, c’est que dans le monde il y a bien trop de drames, et dans le tien de petit monde, beaucoup trop de chagrins d’amour. Et ça commence à te saouler. Tu aimerais que cette année se termine et qu’une nouvelle année commence. Et la fêter surtout! Avec des bulles, des éclats de rire, de la musique trop forte, des vœux sirupeux et même les sourires hypocrites tu veux bien en faire encore plus.

La superficialité te sauve des larmes et de la colère. Alors tu t’y plonges avec délice, en souriant. Et puis, de toute façon, tu ne sais absolument pas comment farder ton petit cœur, tu te contentes de rajouter une couche de mascara. C’est indéniablement plus joli que les larmes. Le rire serait le propre de l’homme? Mais la superficialité aussi! Alors pourquoi s’en priver? C’est tellement plus simple. Et tellement mieux. C’est un luxe que d’avoir la chance de choisir de ne regarder qu’autour de ton petit nombril. Et, surtout, de ne pas te poser plus de questions. De n’avoir comme seule angoisse que celle de l’attente d’une réponse à un SMS du fameux garçon. Le Garçon. Et tu te dis aussi que, finalement, la vie serait bien plus simple si l’axe de rotation de la Terre était la nuque du Garçon. Tu voudrais passer des heures à ne feuilleter que des magazines dans lesquels il semble normal de porter une robe en mousseline lavande alors qu’il neige. Tu préfèrerais que le langage des horoscopes soit le langage de la vie réelle. Chacun son instant de survie. Le tien, tu le trouves dans le vertige des talons trop hauts et des bulles trop fraîches. Les verres levés qui trinquent, les inconnus et leurs promesses que tu ne crois pas, les filtres Instagram qui te donnent l’éclat que tu n’as pas au réveil, les likes qui boostent ton ego… Tu prends tout. Oui tout, tout ce qui est illusoire. Tu prends tout. Les sourires de circonstance, les messages groupés, les petits cœurs par réflexe presque machinal, les câlins pour dire bonjour, les « tu m’as manqué ma chériiiiie » venant d’une fille qui ne sait pas épeler ton prénom. Les rires trop bruyants et les émotions un peu exagérées, les compliments et les clins d’œil aussi.

Tu es poussière et tu redeviendras poussière, c’est bien ça? Alors entre-temps tu vas essayer d’en faire de la poussière d’étoiles. Ou à défaut juste des paillettes. Un truc qui brille quoi! Même juste un peu, et même si c’est un peu faux. Une robe en soie, un jean taille haute, une nouvelle parure La Perla ou alors juste une manucure. Évidemment que, comme tout le monde, tu rêverais d’une vie pleine d’éclat, mais tu sais te contenter de l’avoir au bout des ongles, c’est déjà ça. L’argent permet au moins de s’enticher d’artifices qui masquent (un peu) les angoisses. Et bien sûr que ça paraît superficiel et vain. Parce que ça l’est, indéniablement. Et un peu stupide aussi peut-être. Mais pour l’instant, c’est encore ce que tu as trouvé de plus commode pour essayer de ne pas aller trop mal.