Uber, les géants américains du web et la marocanité du Sahara

Conséquence inattendue du lancement du service de VTC à Casablanca, l’application Uber va connaître une mise à jour mondiale pour mettre sa liste de pays en conformité avec la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Une première.

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Le lancement de la phase de test le 21 juillet d’Uber dans les rues de Casablanca a été perturbé par un évènement inattendu. Les nouveaux utilisateurs du service de mise en relation avec des chauffeurs privés doivent en effet choisir leur pays de résidence au moment de l’inscription. Dans la liste de pays parmi lesquels choisir dans le menu déroulant, l’application propose le « Sahara occidental », précédé du drapeau de la « République arabe sahraouie démocratique ». Les utilisateurs marocains n’ont pas manqué de le relever, à l’instar de cette utilisatrice de Twitter :

La présence du « Sahara occidental » dans cette liste ne date pas d’hier puisque l’application Uber est mondiale depuis son lancement en dehors des États-Unis en 2011. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Uber soigne la susceptibilité de son nouveau pays hôte. L’équipe marocaine s’est empressée de faire remonter l’information auprès du siège et des développeurs à San Francisco. Ces derniers ont accédé à la demande de modification le jour même.

Ainsi dans une dizaine de jours, tous les utilisateurs Uber du monde devraient avoir la possibilité de télécharger une mise à jour de l’application supprimant notamment le « Sahara occidental » de la liste de pays. La nouvelle version de l’application devra auparavant être validée par les « stores » des différentes plateformes mobiles, Apple Store pour iOS et Google Play pour Android. Tout un programme.

L’origine de ce qui a rapidement été appelée une « bourde » par la presse marocaine est en fait toute simple. Et ne concerne pas uniquement Uber. Demandez par exemple à Google Maps de vous afficher la carte du Maroc et elle s’arrêtera au sud de Tan-Tan. Prévenez vos amis sur Facebook que vous passez le week-end à Dakhla et il vous localisera au « Sahara occidental ». Techniquement, vous pouvez tout aussi bien afficher sur votre profil LinkedIn que vous êtes en poste dans le « Sahara occidental ».

En effet, lorsque les développeurs mettent au point un site internet ou une application nécessitant une liste de pays, dans un formulaire par exemple, ils utilisent des bases de données comme celle-ci. Cela permet une intégration plus efficace, sans avoir à taper les noms des pays un par un. Selon les bases de données, la présence des États non reconnus par l’ensemble de la communauté internationale varie. Ainsi de la République du Haut-Karabagh, de la République d’Abkhazie, des Territoires occupés Palestiniens et du « Sahara occidental ». Du fin fond de la Silicon Valley, la présence du « Sahara occidental » dans une liste de pays ne constitue donc pas une prise de position politique, mais du choix d’un fichier informatique.

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