Les funérailles de la veuve de Cheikh Yassine réprimées

Les funérailles de Khadija El Malki ce jeudi au cimetière Chouhada à Rabat ont été interrompues suite à une intervention musclée des forces de l'ordre.

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Enterrement de Khadija El Malki, veuve du cheikh Abdessalam Yassine
L'entrée du cimetière Chouhada à Rabat, bloquée par le cordon policier, en 2015.

Décédée le 25 mars, Khadija El Malki, épouse du fondateur du mouvement Al Adl Wal Ihsane, Abdessalam Yassine, devait être enterrée ce 26 mars à ses côtés au cimetière Chouhada à Rabat. Mais la marche funéraire de la veuve du leader d’Al Adl Wal Ihsane a été interrompue par les forces de l’ordre.

« Nous avons obtenu l’autorisation auprès des autorités de l’enterrer. La tombe a été creusée hier (25 mars, ndlr) dans la soirée », nous raconte Hassan Bennajeh, chargé de communication d’Al Adl Wal Ihsane. « Dans la nuit, ils sont venus détruire la tombe. Nous avons donc dû la recreuser ce matin, mais ils insistent pour l’enterrer plus loin alors qu’il y a une place de libre près de la tombe de Cheikh Yassine et qu’on ne nous a fourni aucune explication logique », poursuit Hassan Bennajeh.

L'autorisation d'enterrement de la veuve de Cheikh Yassine. Crédit : Abdessalam Yassine sur Facebook
L’autorisation d’enterrement de la veuve de Cheikh Yassine. Crédit : page Facebook Abdessalam Yassine

Face à la résistance des militants d’Al Adl Wal Ihsane, les autorités sont intervenues en grand nombre dans l’enceinte du cimetière. « Nous avons été fortement réprimés, de nombreuses personnes ont été tabassées. Des policiers empiétaient sur les tombes pour venir nous frapper », indique Hassan Bennajeh, qui se trouvait encore, à 14h30, dans l’enceinte du cimetière, dont les portes étaient fermées, laissant plusieurs cortèges funéraires à l’extérieur.

« Nous sommes bloqués à l’intérieur du cimetière qui est encerclé par un grand nombre de policiers. Le corps de la veuve de Cheikh Yassine est, lui, à l’extérieur, dans une ambulance avec d’autres membres d’Al Adl Wal Ihsane », ajoute le chargé de communication d’Al Adl Wal Ihsane.

Selon Hassan Bennajeh, les autorités ont justifié leur intervention en expliquant que l’emplacement choisi pour la dépouille n’était pas correctement orienté. Pourtant, « des centaines de tombes sont orientées de la même manière », précise-t-il. La même source indique que Fathallah Arsalane, porte-parole du cercle politique d’Al Adl Wal Ihsane, a été hospitalisé après avoir été victime d’un malaise au vu des événements.

Sur place, Rachid Tniouni, photoreporter de TelQuel, témoigne : « Les policiers sont venus sur place et ont menacé d’intervenir si les militants d’Al Adl Wal Ihsane ne se retiraient pas. Ils ont insisté trois fois avant de réprimer fortement la marche funéraire. Plusieurs personnes ont été rouées de coups », nous explique-t-il. Et de poursuivre : « A un moment, ils se sont dirigés vers moi, m’ont frappé, puis tiré de la foule. Ils ont confisqué mon appareil photo et ont pris ma carte-mémoire. J’attends qu’ils suppriment les photos pour me le rendre ».

Les membres d’Al Adl Wal Ihsane sont dans l’incompréhension. « Nous avons insisté il y a deux ans, suite à la mort de Abdessalam Yassine, pour que sa femme soit enterrée à ses côtés. C’est une intervention arbitraire », déplore Hassan Bennajeh. Du côté du ministère de l’Intérieur, une source nous précise que « nous leur avons fourni une autorisation, mais ils ont choisi de l’enterrer aux pieds de la tombe de Abdeslam Yassine. Aussi, la tombe n’était pas orientée vers la qibla, ce qui n’est pas conforme à la tradition islamique ». 

Mise à jour 16:20

Selon le Ministère de l’intérieur, une place a été trouvée pour la tombe de la veuve de Cheikh Yassine près de celle de son mari et, cette fois, bien orientée vers la qibla.  Les autorités ont finalement ouvert les portes et laissé entrer le cortège dans le cimetière.

 

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