Pourquoi la FAO vante-t-elle les mérites du Maroc ?

Dans sa stratégie d'investissements en Afrique, le Maroc n'oublie pas le secteur agricole. Avec un allié de poids, la FAO, et donc l'ONU.

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Une paysanne dans un pays africain
D’après la FAO, 87 coopérants marocains ont été déployés dans plusieurs pays africains de 1998 à 2009. Crédit : FAO / Flickr

C’est à Marrakech que s’est tenue samedi 13 décembre la première conférence internationale sur la coopération Sud-Sud, où étaient présents pas moins de 14 ministres et 29 délégations africaines, organisée conjointement par le ministère de l’Agriculture et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), soit l’agence onusienne en charge des problématiques agricoles.

Et la FAO affiche à cette occasion un franc soutien au Maroc. Dans un document sur la coopération Sud-Sud daté du 1er novembre 2014 et republié sur son compte Twitter à l’occasion de cette conférence, la FAO chante les louanges du partenariat tripartite qu’elle a conclu avec le Maroc et la Guinée le 16 juin 2014 à Rome lors de la 149e session de son Conseil, loin devant d’autres partenariats de ce type dans le monde, mentionnés beaucoup plus brièvement. « Dans le cadre de cet accord et de futurs projets de coopération Sud-Sud, le Maroc partagera ses connaissances, son savoir-faire, son expérience et les enseignements qu’il en a tirés, et il contribuera à la réalisation de la sécurité alimentaire dans les pays africains en soutenant la production agricole durable et en améliorant la gestion des ressources naturelles », peut-on lire en conclusion du document.

Sur Facebook, c’est à toute la politique agricole africaine du Maroc que l’agence onusienne tire un coup de chapeau :

Dans un contexte de coopération croissante entre les pays du Sud, le Maroc tient ses engagements en faveur de la sécurité alimentaire et du développement agricole dans les pays africains.

Car avec la Guinée, dont le président Alpha Condé déclarait en visite au Maroc en septembre dernier « La Guinée est prête à accueillir vos investissements », Rabat s’est engagé à soutenir le développement de l’agriculture irriguée, la filière horticole, et le renforcement des capacités du ministère de l’Agriculture de la Guinée.

Le Maroc au secours de l’agriculture africaine

D’autres partenariats également tripartites avec la FAO ont ensuite été noués avec le Burkina Faso, le Niger, la République Centrafricaine et Djibouti. D’après la FAO, 87 coopérants marocains ont été déployés de 1998 à 2009, dont 68 experts et techniciens au Burkina Faso, 10 experts et techniciens au Niger et 9 experts et techniciens à Djibouti, en plus de l’assistance technique fournie à Djibouti.

Ces partenariats, comme la conférence sur la coopération Sud-Sud de samedi, découlent des 7e Assises de l’agriculture à Meknès le 23 avril dernier, auxquelles les présidents maliens et guinéens étaient invités. Le Maroc y était en effet devenu le premier pays signataire de l’accord de coopération Sud-Sud de la FAO.

Avec pour corolaire la création d’un Fonds fiduciaire financé par le Maroc mais géré par la FAO pour aider les pays en développement en Afrique à améliorer leur productivité agricole (auquel la Mutuelle Agricole Marocaine d’Assurances a annoncé samedi apporter son soutien financier), Aziz Akhannouch promettant de son côté l’arrivée prochaine d’autres entreprises marocaines parmi les bailleurs de fonds de l’instance). Et Rabat avait également obtenu la mise à disposition par le Mali de 10 000 hectares, contre l’engagement d’impliquer des investisseurs pour exploiter rationnellement ces terres.

Rabat mise la carte des phosphates

La FAO, soucieuse de la sécurité alimentaire d’un continent dont la précarité a éclaté au grand jour lors de la crise alimentaire de 2008, est notamment confrontée au phénomène dit de l’accaparement des terres, qui voit des gouvernements et des entreprises (parfois plus ou moins contrôlées par leur gouvernement) étrangers acquérir du foncier agricole en Afrique pour leur approvisionnement. L’agence onusienne a déjà conduit plusieurs études sur l’accaparement des terres, accusé de fragiliser les populations rurales voire de menacer la sécurité alimentaire des pays concernés.

L’alliance FAO / Maroc prend toute sa dimension avec la tournée de Mohammed VI en Afrique en février / mars dernier, à l’occasion de laquelle le ministre de l’Agriculture a signé pas moins de 12 conventions (le record parmi la délégation des officiels marocains ayant accompagné le roi), mais aussi trois projets agricoles pilotes avec Mustapha Terrab, PDG de l’Office chérifien des phosphates (OCP). La construction de deux unités de production d’engrais, partagée entre le Maroc et le Gabon, avait été annoncée pour 2 milliards de dollars. Et l’usine d’engrais de Jorf Lasfar de l’OCP, dont la construction a été annoncée en février, est spécialement destinée au marché africain.

Premier exportateur mondial de phosphates, le Maroc semble être devenu un interlocuteur incontournable pour la FAO. De quoi faire les affaires d’un OCP qui traverse depuis 2013 une période difficile du fait de cours mondiaux du phosphate bien ternes.

Lire aussi : Pourquoi l’OCP a été adoubé champion économique national

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