«L'orchestre des aveugles»: le passé réconcilié

Avec L'orchestre des aveugles, le réalisateur marocain Mohamed Mouftakir revient sur la période sensible des années de plomb, mais à travers les yeux d'un enfant.

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L'orchestre des aveugles, en compétition au FIFM.
L'orchestre des aveugles, en compétition au FIFM. Crédit:DR

Une ode à son enfance. Un hommage rendu à son père. Tel est le choix du cinéaste Mohamed Mouftakir pour son deuxième long métrage, seul film marocain présenté en compétition officielle au Festival international du film de Marrakech. L’orchestre des aveugles, en grande partie autobiographique, raconte l’histoire d’un enfant, Mimou, et ses relations avec son père violoniste et chef d’un petit orchestre qui anime des soirées et des mariages à Casablanca à la fin des années 70. Les membres de cet orchestre se font parfois passer pour des musiciens aveugles afin de gagner plus d’argent en jouant dans les fêtes réservées aux femmes.

Le père, qui est analphabète, est très exigeant avec Mimou afin qu’il soit le meilleur à l’école. Un poids très lourd à assumer pour cet enfant qui est en même temps amoureux d’une voisine. Pour ne pas décevoir son père, il va falsifier ses notes de cours grâce à l’aide de son oncle, un marxiste-léniniste acharné qui milite pour la démocratie et pour l’égalité des classes.

«Une réconciliation avec mon passé»

La particularité de ce film réside dans le fait qu’il revient sur une période sensible du Maroc sans pour autant la juger. Les années de plomb servent de toile de fond au film mais d’une manière voilée car l’histoire est racontée du point de vue d’un enfant. « Je n’ai pas voulu raconter les années de plomb, c’est juste l’époque dans laquelle j’ai grandi. C’est plus un élément de narration qui m’a permis de raconter ma relation avec ma famille», nous confie le réalisateur. Et d’ajouter que ce film « ne cherchait pas à dénoncer une époque. C’est plutôt une réconciliation avec mon passé et une réflexion sur la société, sur la famille, sur ma culture et sur moi-même».

Une oeuvre riche en émotions mais qui ne manque pas de situations comiques, comme le baiser échangé par Mimou et sa voisine, photographié par son oncle, ou encore les scènes de romance entre l’une des chikhates du groupe et l’oncle marxiste-léniniste. Le tout porté par l’interprétation admirable des comédiens et une musique nostalgique qui fait remonter des souvenirs émouvants vécus par de nombreux Marocains lors de cette période sombre. L’Orchestre des aveugles, un beau chant d’amour aux années 70.

Sortie prévue dans les salles en mars 2015.

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