Billet éco. Retour de l’Etat entrepreneur ?

Par Khalid Tritki

Depuis le gouvernement d’alternance (1998-2002), il était admis que le rôle de l’Etat devait se limiter à la régulation. Plus qu’une parole, la doctrine de l’Etat fut concrétisée sur le terrain : fortes opérations de privatisation, de désengagement, de concession… La tendance s’est maintenue jusqu’à l’émergence d’une nouvelle approche marquée par des investissements lourds pilotés ou consentis par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) : Tanger Med, reprise des hôtels du CIH, immobilier, participation dans le projet Renault… L’OCP SA, opérateur public majeur au niveau mondial et unique exploitant des phosphates au Maroc, s’y est mis aussi. Partenariat, financement direct ou subvention… la société phosphatière multiplie les interventions touchant des fois un périmètre qui n’est pas forcément le sien, comme l’université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir.

Le message à retenir de ces exemples est que l’Etat opère un retour pour investir le domaine productif. Il est vrai que la démarche change puisque les engagements financiers ne sont pas l’émanation du budget de l’Etat, mais de ceux des offices, établissements et sociétés publics. Certes, il n’en demeure pas moins que ce sont des engagements de l’Etat concrétisant des politiques publiques où le privé fait défaut. Et à la veille du lancement de la nouvelle stratégie industrielle (ou l’ancienne corrigée), n’est-il pas légitime de se demander si l’Etat (ou ses appendices) ne devrait pas remettre le cap sur des investissements industriels massifs ? Les ultra- libéraux crieront au scandale, bien entendu, mais finirons par avaler leur rage car le libéralisme au Maroc n’a donné lieu, jusqu’à maintenant, qu’à une économie spéculative. A méditer !